On appelle Cananéens les peuples occupant la Palestine et le Liban actuel au IIIè millénaire av. J.-C. Vers 2670, au temps de la Ve dynastie égyptienne, mention est faite des Fenkhou, au nombre des vaincus rançonnés sur la côte syrienne par le Pharaon Sahoura. Ils s’y trouvaient depuis quelques siècles déjà, étant arrivés sur le littoral de la Méditerranée vers 2900. Les tablettes trouvées à Ougarit nous apprennent que les Cananéens étaient installés tout d’abord en Arabie Pétrée, entre les golfes actuels de Suez et Aqaba, ils se sont arrêtés dans la région du Negeb et ont de là gagné la côte de la Méditerranée, où ils resteront par la suite.
Ils se fixèrent d’abord dans la région d’ Asdhod, Gaza et Ascalon. Ils possédèrent une armée dont les textes d’Ugarit vantent les exploits et une flotte qui convoyait en Méditerranée les produits venus de l’Arabie. Les fondateurs de Tyr, de Sidon ou de Byblos devaient être aussi des Cananéens. Un des poèmes épiques trouvés à Ugarit rappelle, en la mêlant d’éléments fabuleux, la perte du Negeb par les Cananéens. Il met en scene la lutte du roi de Sidon, Keret, contre une armée d’envahisseurs dirigée par Terach, le père d’Abraham. Le conflit se termine par la victoire des Térachites et de leurs alliés. De nombreuses populations vaincues doivent émigrer. L’événement se place au début du IIe millénaire au moment où les Hébreux - les Térachites du poète - arrivent en Palestine. Les Cananéens vaincus remontent plus au nord et vont rejoindre ceux de leurs compatriotes qui occupaient déjà cette partie du littoral méditerranéen.
Jouant habilement des rivalités entre l’Égypte et les Empires proche-orientaux - akkadien puis mitannien, et hittite -les Cananéens réussirent à garder une autonomie de fait et à développer leur commerce maritime, surtout après l’effondrement de la « thalassocratie crétoise » au XVe siècle avant J.-C.
D’habiles artisans et commerçants
Les Cananéens développèrent l’artisanat, en particulier le travail du cuivre et celui de la fonte du bronze. Dès le milieu du deuxième millénaire, la commercialisation de la teinture de pourpre qu’eux seuls savaient extraire du murex, firent d’eux un peuple prospère.
Les Cananéens étaient en relation avec les Égyptiens de l’Ancien Empire vers 2650 av. J.-C. : un scribe de Snéfrou mentionne l’arrivée de quarante navires chargés de fûts de cèdres provenant de Gebal, et l’on a effectivement constaté la présence de poutres de cèdre dans la pyramide de Snéfrou. Les artisans du Liban étaient réputés pour leurs constructions navales et le martelage des feuilles d’or sur des tables de pierre.
L’invention de l’alphabet
Les Cananéens multiplièrent les contacts avec la Mésopotamie. Leurs scribes, maîtrisant l’usage de l’écriture cunéiforme, transcrivaient aussi bien l’akkadien, langue internationale de l’époque, que le sumérien ou leur propre langue sémitique cananéenne. Cependant, malgré certaines simplifications (on passa de 2 000 à 600 signes) l’écriture cunéiforme restait difficile à manier. Pour pallier ces difficultés, les scribes de Byblos mirent au point un système pseudo-hiéroglyphique comportant 100 signes, tandis qu’au XIVe siècle, Ougarit voyait naître un alphabet de 28 signes en graphie cunéiforme, dont l’ordre (Aleph, Bet...) est celui que nous connaissons aujourd’hui.