Les Amorrites
(Amorrhéens)
Peuple ouest-sémitique d’origine nomade, apparenté
aux Cananéens, arrivé vers la
fin du IIIe millénaire (2300-2200) dans le pays
d’Amourrou, c’est à dire la haute Syrie actuelle, le nord de la Palestine
et l’arrière pays de la Phénicie. La cité d’Ebla (la capitale ?) connut un certain
rayonnement. Amourrou était leur dieu national d’où ce nom donné à l’époque
pharaonique par les Égyptiens. Ils s’installèrent vers 1900 dans plusieurs cités
mésopotamiennes, dont Babylone.
Dès la fin du XVe siècle, les Amorrites s’étaient donné un roi et avaient formé un
État politique. Durant les XIVe et XIIIe siècles, ils occupèrent la région nord de Byblos et atteignirent la côte mais
ne constituèrent jamais une grande puissance maritime. Au XIVe siècle, ils passent dans l’orbite hittite mais Ramsès II s’empare de leur roi avant Qadesh et les soumet. Ils furent
submergés vers la fin du IIe millénaire par les
Araméens.
Origines
Les Amorrites sont selon toute vraisemblance originaires de la région du Jebel Bisri, en Syrie méridionale, d'où ils commencent à migrer vers le milieu du IIIe millénaire, peut-être pour des raisons de changement climatique, et se répandent en Syrie, puis vers la Mésopotamie.
Des « rois de Martu » sont cités dans des textes d'Ebla (XXIVe siècle av. J.-C.) et de la période d'AkkadXXIIIe siècle av. J.-C.). Les Amorrites deviennent à la période suivante de sérieux adversaires des souverains d'Ur, puisqu'ils commencent alors à migrer en grand nombre vers la Mésopotamie. Ils agissent en bandes de pillards semi-nomades qui menacent le sud mésopotamien. Pour les arrêter, le roi Shoulgi construit un mur entre le Tigre et l'Euphrate, mais celui-ci ne suffira pas à arrêter les groupes amorrites, qui plongent le royaume d'Ur dans le chaos vers la fin du XXIe siècle av. J.-C. Même s'il revient aux Élamites de porter le coup de grâce à celui-ci, ce sont finalement les Amorrites qui s'imposent au début du XXe siècle, et plusieurs dynasties amorrites s'installent dans les plus grandes cités du Proche-Orient : Larsa, Isin, Uruk, Babylone, Eshnunna, Ekallatum, Alep, Mari, Qatna, pour les principales. (
La période des dynasties amorrites
La période qui s'étend de 2000 à 1595 est d'ailleurs parfois nommée « Période amorrite ».
Elle est marquée par de nombreuses rivalités entre les différents
royaumes amorrites, bien connues par les archives retrouvées sur le
site de Mari. Après la domination de Isin, puis de Larsa au sud
mésopotamien, et celle du royaume de Yamkhad (Alep), face à son rival Qatna, puis la domination éphémère du roi Samsi-Addu, originaire d'Ekallatum, ce sont finalement le Yamkhad à l'ouest et Babylone (sous le règne d'Hammourabi) à l'est qui se partagent le Proche-Orient dans la seconde moitié du XVIIIe siècle av. J.-C. après avoir dominé successivement tous leurs adversaires. Mais ils ne savent pas assurer leur hégémonie, et le XVIIe siècle av. J.-C.
verra leur affaiblissement, et l'éclatement de ces deux ensembles, qui
seront finalement éliminés par des raids lancés par le roi hittite Mursili Ier
autour de 1600. Après cela, les royaumes amorrites sont supplantés par
l'établissement de nouveaux ensembles dirigés par de nouvelles ethnies,
les Hittites, les Kassites et surtout les Hourrites.
Aspects culturels
Les Amorrites, peuple semi-nomade, fonctionnaient à la base selon un
système tribal. Celui-ci perdure même après l'établissement des
royautés amorrites fortement marquées par la tradition mésopotamienne.
Les rois Amorrites avaient une forte conscience de leur appartenance à
un même ensemble, et certaines familles royales, originaires d'une même
« maison », conservaient des liens très forts, comme celles de Babylone
et d'Ekallatum. Ils avaient une même conception de la royauté, et des
relations diplomatiques, qui sont alors très intenses du fait de la
fragmentation de l'espace proche-oriental en royaumes de même
puissance. Les principales divinités du Proche-Orient amorrite étaient Addu/Adad, dieu de l'Orage, Dagan, divinité agraire syrienne, et d'autres divinités du panthéon mésopotamien, comme Enlil, Ea, Shamash, Sîn et Ishtar. Un dieu nommé Amurru (dieu) (Martu en sumérien) a bénéficié d'un culte important à cette même période. Il personnifiait les populations amorrites.
Langue
La langue amorrite est mal connue, car aucun texte écrit en amorrite n'a été retrouvé, l'écriture se faisant alors exclusivement en akkadien. L'amorrite est seulement connu par l'onomastique et certains termes repris en akkadien. Cette langue appartenait au groupe nord-ouest des langues sémitiques.
Hyksós
Dans les textes égyptiens, l’invasion des Amorrites venus de Palestine, de la partie orientale
du Delta puis de toute la vallée du Nil jusqu’à Memphis lors de la Deuxième Période Intermédiaire
(XVIIIe siècle) mettant fin au Moyen Empire est
décrite sous le nom générique d’invasion des Hyksos. Le terme grec Hyksós dérive de l’ancien égyptien
heqa-khase, « chefs d’un pays étranger », et désignait les
Asiatiques (Sémites pour la plupart, mais aussi Cananéens) qui commencèrent
probablement à affluer dans la partie orientale du delta égyptien dès la
Première Période intermédiaire. Au moment de l’effondrement du Moyen Empire,
leur présence avait l’ampleur d’une invasion.
Lors de la Deuxième Période intermédiaire, les
Hyksos furent à l’origine de deux dynasties, la XVe et la XVIeSeth comme leur dieu principal. (vers
1640-1540 av. J.-C.). Depuis leur capitale Avaris (l’actuelle Tell el-Daba),
dans le delta oriental, ils parvinrent à étendre leur contrôle à tout le delta
et à une partie de la vallée du Nil. Tout en conservant leurs noms sémitiques,
qu’ils écrivaient en hiéroglyphes dans un cartouche, leurs souverains se
présentaient à tous égards comme des pharaons, respectaient la culture
égyptienne et considéraient
Les Hyksos introduisirent dans le pays l’usage du
cheval et du char de guerre, l’épée recourbée ainsi qu’un nouveau type d’arc de
très grande portée. La guerre de libération commença à l’initiative des pharaons
thébains de la XVIIe dynastie et fut achevée
victorieusement par Ahmosis, le fondateur de la XVIIIe dynastie, qui inaugura le Nouvel Empire.