Le royaume HITTITE |
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Carte Hachette Les Hittites ont été identifiés au cours du XIXe siècle par les archéologues comme une confédération de peuples de langue indo-européenne - les Nésites, les Louvites, les Palaïtes, etc - ayant établi un royaume en Anatolie centrale vers 1750 av. J.-C. Dépourvu de frontières naturelles, ce royaume a dû batailler sans cesse pour conserver son coeur historique et s'emparer des riches et chaudes terres du Sud, avant d'être anéanti par les «Peuples de la Mer» vers 1180 av. J.-C. Dans sa plus grande extension, la civilisation hittite atteignit l'Euphrate moyen à l'est, la côte méditerranéenne face à Chypre au sud, mais resta coupée de la mer Noire et de la mer Egée. L'archéologie révèle l'installation progressive et pacifique de populations de langue indo-européenne en Anatolie vers le XIXe siècle av. J.-C. Vivant en harmonie avec les autochtones qui les ont précédés et qu'ils appellent «Hattis», adoptant certaines de leurs coutumes (religieuses notamment), ces groupes sont divisés en de nombreuses principautés. Labarna I semble avoir le premier véritable roi des Hittites. Peu de documents ou de vestige de son règne atteste de son existence, à part l'Edit de Telibinu, certains historiens avancent qu'il pourrait s'agir d'un roi légendaire.
Tous
les rois qui lui succéderont sur le trône hittite
utilisèrent le titre de Labarna, selon une méthode
similaire à celles des empereurs romains qui utilisèrent
les titres de César et Auguste à la suite de Jules
César. De même, probablement pour marquer la
continuité avec l'éphémère dynastie
d'Anitta, Labarna I, et tous ses successeurs jusqu'à la chute de
l'Empire, prend les titres de Grand Roi et celui d'homme de Kussar,
ville d'origine de Pithana, père du premier roi Anitta. Hattousili I Hattousili I er (vers 1640-1610 av. J.-C.). Successeur de Labarna, il transforme la ville fortifiée de Hattousa (Boöy) en capitale du royaume; elle conservera ce rôle jusqu'à la chute de l'Empire. D'après les annales de Hattousili Ier, les Hittites franchissent pour la première fois sous son règne la chaîne du Taurus, vers les terres chaudes de Cilicie et de Syrie; selon un récit mythologique, un taureau ouvrit un passage au roi à l'aide de ses cornes. Dès lors, la domination sur cette région constitue un objectif constant pour les Hittites. Moursili I Moursili I er (1610-1590 av. J.-C.). C'est le fils adoptif de Hattousili ; sous son règne les Hittites poursuivent leurs campagnes en Syrie et le long de l'Euphrate, et détruisent Babylone vers 1595 (certains auteurs avancent la date de 1537). Ce règne est suivi par une période de troubles intérieurs durant laquelle les Hittites perdent le contrôle de nombreux territoires en Anatolie et en Syrie. Telibinou Telibinou (1525-1500 av. J.-C.). Il fixe les règles de succession au trône et met fin aux vendettas en pratiquant une politique de clémence. Son rescrit est une source majeure en matière d'histoire des Hittites. La période qui suit son règne jusque vers le milieu du XVe siècle est une des plus mal connues. Les
successeurs de Telibinou sont encore mal connus. Seuls leurs noms et
leur ordre de succession nous sont connus : Alluwamna, Hantili II,
fils du précédent, Tarhurwaili, Zidanta II, Huzziya II et
Muwatalli Ier. Néanmoins, cette période correspond à une période d'aff · les
Gasgas, qui avaient fait leurs premières apparitions sous le
règne de Hantili Ier, deviennent plus menaçants. Ils
forcent Hantili II à renforcer les défenses de la
capitale et des villes proches des frontières du royaume.
La Porte des lions à Hattusa La victoire d'Alep et la prise de contrôle de l'Etat hourrite du Mitanni ont permis à Toudhaliya I er , le fondateur de ce nouvel Empire, de contrôler pour un temps les voies d'accès à la Syrie, au sud-est du royaume, mais ses successeurs, devant les attaques venant de toutes parts, ne parviennent même pas à assurer la protection de l'Anatolie, régulièrement pillée par les Kaskas, tribus montagnardes semi- nomades du Nord.Souppilouliouma I (1380 à 1340 av. J.-C.) La
tâche qui lui échut était lourde. Les Actes
composés par son plus jeune fils, Moursili II, des textes de
traités ainsi que des documents égyptiens (trouvés
à Amarna) ou syriens nous permettent de connaître le
règne de ce grand roi, à partir duquel la chronologie des
souverains est établie sans interruption. Non seulement
Souppilouliouma imposa son autorité en Asie Mineure, mais
encore, par la destruction du royaume du Mitanni et la conquête
de la Syrie du Nord, il plaça sous sa protection les peuples
syrien, hourrite, anatolien, faisant de son Empire une des grandes
puissances du moment. Moursili II (1339 à 1306 av. J.-C.) Il
consolida l'œuvre de son père en mettant fin à une
soudaine flambée d'agitation de la part de ses vassaux : au
nord, les Kaskas ; à l'ouest, l'Arzawa ; et à
l'est, l'Azzi-Ayasa. En 1315, le nouvel Empire hittite reposait sur des
bases solides et disposait d'un gouvernement fort. Un vaste
système de traités avec les États alliés ou
vassaux avait contribué à asseoir sa domination.
Cependant, la pénétration des troupes hittites en Syrie
déclencha un conflit avec l'Égypte, dont les
armées, au cours des deux siècles
précédents, avaient mené des conquêtes en
Palestine et même atteint l'Euphrate. Mouwatalli (1306-1282)
remporta une victoire sur les Égyptiens, alors gouvernés
par Ramsès II, à Qadesh (1286), sur le fleuve Oronte,
préservant ainsi son influence sur le nord de la Syrie. En 1270, Ramsès II et Hattousili III (1275 à 1250) signèrent Toudhaliya IV (1250-1220 av. J.-C.) Dernier
grand roi hittite, il poursuivit la politique de son père en
renouvelant les traités. Sous son règne, les Hittites
entreprirent pour la première fois une expédition
maritime et occupèrent une partie de Chypre. La fin du XIIIe
siècle vit grandir la menace assyrienne avec l'annexion d'une
partie du Mitanni. Une série de documents révèle
la montée de nouveaux dangers sous les règnes des fils de
Toudhaliya IV : la famine (le pharaon Mineptah signale dans une
inscription des envois de céréales), les menaces contre
les côtes. Aff Certes, les Hittites subsistèrent en tant que peuple, mais dans le cadre de petites principautés «néohittites» dans le Taurus et en Syrie du Nord. Ce furent sans doute ces États que les rédacteurs de l'Ancien Testament ont connus, avant que les Assyriens ne les détruisent au début du VIIe siècle av. J.-C.
Le Grand Scribe, suivi dans la
hiérarchie du chef des écuyers et de celui des cochers,
dirigeait l'administration. Les gouverneurs des provinces,
«seigneurs de la tour de guet», disposaient de pouvoirs
importants et variés, les documents royaux leur enjoignaient
même de fermer verrous, portes et fenêtres des
forteresses!
Au sein du peuple, on distinguait des
hommes libres et des dépendants (esclaves,
déportés). Quant à la place reconnue à la femme
hittite, elle est unique dans les
civilisations du
Proche-Orient au IIe millénaire. Dans la haute
société, l'égalité juridique est
avérée; certains sceaux uniquement féminins prouvent
l'indépendance de celles qui les utilisaient, et de
nombreux documents révèlent le grand rôle joué
par Poudouhepa, l'épouse de Hattousili.
Si les Hittites représentent le plus ancien exemple connu de royaume indo-européen, leur culture (religion, littérature, art) intègre les influences de la Mésopotamie, des autochtones d'Anatolie et celles des Hourrites. Les scribes de la ville impériale de Hattousa connaissaient bien les textes sumériens, assyriens et babyloniens, et peut-être les écrits égyptiens. Les milliers de tablettes cunéiformes dégagées des ruines de la capitale hittite attestent ces influences. Une bonne partie de ces tablettes comportent des textes religieux: récits mythologiques, prières, description de fêtes, rites; 800 noms de divinités, dont un grand nombre est emprunté aux peuples voisins ou vaincus, y ont été recensés. A côté de nombreux cultes locaux, associant un dieu céleste, maître de l'orage, et une déesse de la Fécondité, apparut un culte officiel dans lequel les dieux étaient strictement hiérarchisés en groupes: d'abord les Soleils avec la déesse Soleil d'Arinna, le dieu Soleil Istanou et les dieux de l'Orage. Ensuite les divinités protectrices, les divinités terriennes, les dieux guerriers. Si l'on sait peu de chose sur le clergé, il est certain que le roi tenait une place centrale dans l'organisation de la religion, car il n'hésitait pas à interrompre une campagne pour célébrer un culte. Avec Hattousili III et Toudhalya IV, une importante réforme conduisit à l'abandon de nombreuses divinités animales au profit de représentations humaines. Les lois révèlent un des aspects les plus caractéristiques de cette culture: une justice empreinte d'humanité. A la peine de mort, rarement encourue (pour rébellion ou pour viol), le droit hittite préférait le versement d'une compensation. Les nombreux traités conclus avec les alliés et les vassaux, durant la période impériale, démontrent le même souci.
De l'architecture, il ne reste que les
bases des palais et des temples, réalisées en appareils
cyclopéens, les parties supérieures, construites en bois
et en pisé, ayant disparu. Si la sculpture monumentale
paraît souvent lourde et peu originale, la réalisation
des petits objets (sceaux, statuettes) dénote une réelle
habileté. suplements: es Hittites pratiquaient un large syncrétisme qui s’étendit aux dieux des pays soumis et même à ceux des régions voisines. Parmi les mille dieux de Hatti , ils vénèrent : le « Dieu Soleil du Ciel » dont le nom original était peut-être Istanou, la reine Soleil d’Arinna, dont le roi était le grand prêtre et dont elle est la protectrice, le Dieu de l’orage Tarhunda, son époux, les taureaux Seri et Hourri, les montagnes Nanni et Hazzi. A côté de ces dieux hittites primitifs, d’autres d’origine étrangère viendront compléter le panthéon national. Les dieux hourrites de l’orage et du soleil, Teshub et Hebat, remplaceront leur équivalent hittite Tarhunda et Arinna. Les Hittites ne faisaient preuve d’aucun sectarisme : ils annexaient les dieux des pays conquis et, pour se les concilier, les adoraient, même dans leur langue originelle. Le culte relève d’un clergé dont le grand roi de Hatti est le souverain pontife, assisté de la reine et parfois aussi du prince héritier. Au-dessous, il existe des prêtres, divisés en grands prêtres et en petits prêtres. Le culte était rendu dans les temples où les dieux avaient leurs statues. On y procédait aux offrandes à la divinité. Il existait des fêtes dont la plupart se rapportait au cycle des saisons et aux divers travaux des champs. Les dieux se manifestent aux hommes essentiellement sous forme de songes mais ces manifestations spontanées de la divinité restent toutefois exceptionnelles. Les Hittites cherchent donc à les provoquer par le recours aux oracles examen de la chair des victimes, vols de corbeaux sacrés et sorts. Les
ruines d'Hattousa, l'ancienne capitale (site de BoMazkale), et celle
d'Alaca höyük («tumulus d'Alaca»)
reflètent parfaitement les caractères de l'architecture
hittite. Bâtie sur une colline, protégée par une
enceinte fortifiée et deux forteresses, Hattousa laisse
apparaître à la fois un souci de défense et la
puissante autorité des rois qui vécurent dans son palais.
Les portes monumentales de la cité représentent la partie
la plus impressionnante de la construction. L'une est ornée sur
ses chambranles de lions vus de face (lions de protomés),
l'autre d'un relief dit «du roi», très
célèbre dans la sculpture hittite et conservé de
nos jours au musée d'Ankara. Yazilikaya possède un riche
sanctuaire à ciel ouvert. Une double procession (quatre-vingts
personnages) est sculptée sur les parois rocheuses de
l'édifice. Un cortège de divinités masculines et
féminines s'avance vers un autre cortège, formant
peut-être le plus bel exemple d'art monumental hittite. Seules
les sculptures rupestres de Surkali, Karabel, Fasillar ou Sipylos
peuvent rivaliser avec la marche processionnelle de Yazilikaya. Le site
d'Alaca höyük, qui se trouve lui aussi en Turquie centrale et
dont l'enceinte fortifiée possède des portes
décorées de protomés et de sphinx, se rapproche
des ruines d'Hattousa. Cachets et cylindres-sceaux Au
gigantisme des bas-reliefs s'oppose un art de la miniaturisation dont
la glyptique, avec ses cachets et ses cylindres-sceaux, permet
d'apprécier toutes les qualités d'exécution:
cylindres de l'ancienne collection Tyszkiewicz du musée du
Louvre (en provenance d'Aïdin et mesurant
4,5 centimètres), cachets découverts à
BoMazkale ou Alaca höyük (sceau de Tarkudimme ou Tarqumuwa).
Le décor hittite de la céramique, qu'il joue sur des
cruches à deux ou trois anses, sur des jarres ou des vases,
varie ses motifs grâce à l'emploi de lignes de
différentes épaisseurs. Lors de la plus belle
période de production des terres cuites, le potier affectionne
des formes imitées du métal et façonne des
versoirs en partie zoomorphes (rhytons): ils se terminent par une
tête d'animal. En ce qui concerne l'art des métaux, de
très belles figurines en forme d'oiseaux, de taureaux et de
cerfs, dont le corps en bronze est parfois incrusté de petits
anneaux d'argent, ont été découvertes dans les
tombeaux princiers d'Alaca Hüyük.
L'époque néo-hittite a
prolongé et enrichi l'art hittite. Une production
artistique intense caractérise les petits Etats qui
réapparaissent après l'invasion des «Peuples de
la mer». Au pied de l'Amanus, Samal (Zendjirli), par son
impeccable tracé circulaire, représente le modèle
architectural de l'art néo-hittite. Plusieurs très
belles stèles y furent découvertes. Les lions
menaçants des portes de Sakoe Güzü et de
Traïnat sont les chefs-d'œuvre de la sculpture. Le
traitement en ronde bosse se pratiquait aussi: grande divinité
de Karkemish, dieu en armes de Samal, roi colossal de Malatya. La
représentation sur cinq mètres de haut du roi Warpalawa
(Ivriz, VIII
e
siècle av. J.-C.) constitue le
plus important des reliefs rupestres néo-hittites. Quant
à la série de monuments découverts à Karatepe
en 1947-1949 et datant également du VIII
e
siècle, elle représente un
témoignage éloquent sur la vie en Anatolie au moment
où la domination hittite approche de son terme.
source www.memo.fr | |
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