Le peuple assyrien ne connut
qu’une lutte acharnée, pour, dans un premier temps
défendre un espace vital propre, puis pour s’ouvrir un
accès à la Méditerranée et aux riches
régions du Proche-Orient occidental. Les Assyriens vont ainsi
conquérir et dominer cruellement tout le bassin oriental de la
Méditerranée entre les IXe et VIIe siècles avant notre ère.
Portrait d’Ashurbanipal II. (stèle de Nimrud)
Le territoire assyrien est une
région couvrant le cours supérieur du Tigre, le nord de
la Mésopotamie. A l’est, le cours moyen du Grand Zâb
et les contreforts du Zagros la séparent des Kassites,
formant une frontière naturelle dans laquelle il n’existe
que deux ou trois passages impraticables pendant une partie de
l’année. Vers le nord, des terrasses successives
s’étagent et s’appuient au massif
d’Arménie. Au sud, la plaine est habitée par les Babyloniens.
L’origine des Assyriens est inconnue. Ils semblent s’être étendus au IIIe
millénaire sur un vaste territoire d’où ils
auraient été refoulés vers l’Assyrie
proprement dite par des Aryens. Le peuple assyrien s’y est
formé en mêlant les populations autochtones et des tribus
sémitiques. Au XXVe siècle, les Assyriens forment déjà un peuple distinct, en relation avec les Suméro-Akkadiens dont ils subissent l’influence.
L’histoire de l’Assyrie
débute au début du deuxième millénaire par
celle de la cité-État d’Assur,
caractérisée à la fois par son importance
religieuse et par ses activités commerciales. Assur perdit son
indépendance lorsqu’elle fut intégrée par le
roi d’Ekallâtum Samsî-Addu dans un royaume, qui
couvrit bientôt toute la haute Mésopotamie. Faute de
sources, l’histoire d’Assur nous devient obscure à
partir du milieu du XVIIIe siècle pendant environ trois siècles.
Le roi Assourouballit Ier (1380-1341) parvient à étendre son domaine jusqu’à l’Euphrate. Au XIIe siècle, Téglath-Phalasar Ier
prolonge la frontière jusqu’à la
Méditerranée, mais l’impulsion décisive fut
donnée sous les règnes d’Assournasirpal II et de son fils Salmanasar III.
Après la révolte civile de 820 menée par le fils
de ce dernier, l’empire connaît alors une période de
consolidation, sans nouvelles conquêtes territoriales, ni
constructions grandioses. Vers 750, l’Urartou
profite de cet affaiblissement pour s’emparer de territoires
autrefois sous hégémonie assyrienne. Quelques
années plus tard, avec l’accession au trône de Téglath-Phalasar III,
l’expansion territoriale reprend et en moins d’un
siècle, sous son règne et celui de ses successeurs (Sargon II, Sennachérib, Assarhaddon et Assurbanipal, elle atteint son maximum. Au cours de leur règne, l’armée assyrienne
entreprit chaque année de vastes raids d’où elle
revenait chargée de butin et de prisonniers. A partir de 750,
s’élabora ainsi un véritable empire,
intégrant les territoires conquis, cherchant à
s’étendre dans toutes les directions du monde connu.
L’empire assyrien
couvrit une superficie sans précédent dans
l’histoire du Proche-Orient, incluant la Mésopotamie,
l’Anatolie du sud-est, la Syrie, la côte
méditerranéenne, l’Égypte et l’Iran
occidental.
C’est pourtant au moment
où jamais l’Assyrie n’avait été aussi
grande et n’avait paru plus puissante qu’elle va
littéralement s’écrouler en quelques années.
L’extrême centralisation du pouvoir et la succession quasi
ininterrompue de guerres, à la fois civiles et
étrangères, à partir de 627, explique en partie
cette situation : l’intervention des Babyloniens et des Mèdes contre Ninive en 612 ne fit qu’achever un empire mourant.
L’empire assyrien
Administration intérieure
Dignitaire assyrien devant Sargon II.
On n’a retrouvé aucune loi
ni décret indiquant les règles de fonctionnement de
l’empire. Les seuls exemples d’activité
législative ayant survécu sont un « Code des Lois » de la second moitié du deuxième millénaire (qui semble plus rigoureux que le Code d’Hammourabi),
et une série d’édits légèrement plus
tardifs, encore plus stricts, réglant la vie du harem. Les
sujets assyriens et les souverains des royaumes tributaires
prêtaient serment de loyauté au roi. Ces serments devaient
être renouvelés à chaque fois qu’un nouveau
souverain était intronisé ou qu’un prince
héritier était officiellement désigné.
Un système complexe de
communications devait exister entre le roi et ses fonctionnaires.
L’énorme quantité de lettres et de rapports
administratifs retrouvés semble indiquer que le roi
exerçait un contrôle strict sur de nombreux domaines de
l’administration.
Relations internationales
Les relations internationales avec les
rois étrangers étaient régies par des
traités, engagés aux noms des dieux assyriens et
étrangers ; toutefois, ces traités favorisaient
ouvertement le roi assyrien. A priori, les territoires conquis
n’étaient pas réduits à l’état
de province et les structures administratives en place étaient
conservées. Parfois des fonctionnaires assyriens y sont-ils
nommés pour assurer une surveillance.
Des souverains étrangers,
accompagnés de leurs parents et de leurs suites, se rendaient
périodiquement dans la capitale pour y porter leur tribut, ils y
jouissaient de l’hospitalité luxueuse de la cour
assyrienne. Des fractions importantes de l’aristocratie
guerrière des pays annexés, incorporées dans
l’armée assyrienne, partageaient avec l’aristocratie
les privilèges et les avantages de servir le roi.
L’armée assyrienne
Archer assyrien suivi d’un lancier probablement d’origine palestinienne ( Nimrud - palais de Sennachérib).
L’armée assyrienne
représente l’armée la plus efficace et la plus
parfaite que le monde oriental ait connue jusque-là. Armement et
technique arrivent avec elle au maximum de rendement. Les Assyriens
surent adapter à des buts militaires le cheval et le fer,
empruntés l’un et l’autre aux Hittites. Il seront les inventeurs de l’artillerie d’assaut et de la cavalerie. Du règne de Sargon
datent de nombreux documents administratifs qui permettent de
reconstituer assez précisément l’organisation de
l’armée.
L’infanterie
L’armée assyrienne
réunit en elle toutes les conditions qui font les armées
d’élite : recrutement, organisation, commandement et
entraînement. Les Assyriens sont des montagnards sobres,
vigoureux et résistants, qui feront d’excellents soldats.
Levés selon un véritable service militaire, les soldats
sont répartis entre divers corps spécialisés.
© Jean Savaton
Sapeurs assyriens creusant un tunnel (Nimrud - palais nord-ouest).
L’infanterie lourde est pesamment
armée avec armes de fer : casque conique, cuirasse ou cotte
de mailles, bouclier métallique, longue lance,
épée, hautes bottes. Elle se compose de deux corps de
troupe : archers et piquiers. Ceux-ci portent une longue lame et
un bouclier rond et convexe, ceux-là un arc et un
carquois ; les uns et les autres armés d’une
épée courte pour le combat au corps à corps.
L’infanterie légère comprend elle aussi des archers
et des piquiers mais moins protégés : armée
de la lance, de l’arc, du bouclier d’osier.
L’infanterie est
accompagnée de sapeurs et pionniers chargés
d’ouvrir les routes et de mener les sièges. Ils sont
équipés de machines de guerre : chars
cuirassés porteurs de gros béliers, tortues, machines de
jet, tours roulantes. Certaines représentations
retrouvées sur des orthostates du palais de Sennachérib
laissent penser que l’armée assyrienne pouvait inclure
dans ses rangs des soldats d’origine étrangère qui
conservaient leur habit national.
La cavalerie et les chars
C’est l’arme principale de
combat et de choc, véritable révolution sur le champ de
bataille antique et par conséquent instrument décisif de
la domination militaire assyrienne. Son équipement est semblable
à celui de l’infanterie. Les premiers cavaliers montaient
leur cheval à cru et étaient accompagnés chacun
d’un servant, également monté, qui dirigeait leur
cheval pendant l’action. Au temps d’Assurbanipal, l’animal est recouvert d’un caparaçon et par suite des progrès de
l’équitation, le servant a disparu.
© Jean Savaton
Défilé de chars légers (plaque de bronze de Balawat).
Le char de guerre, monté sur de
hautes roues massives, est décoré de peintures et
d’incrustations. L’usage des brancards est inconnu :
deux chevaux sont nécessaires pour traîner chaque char.
Trois hommes y prennent place : le cocher à gauche pour le
diriger, un guerrier armé de la lance ou de l’arc, et un
servant qui protège les deux autres avec un bouclier.
L’étendard de la troupe est fixé à
l’un de ces chars.
Une armée cruelle
Avant toute campagne, le roi consulte
les dieux par l’intermédiaire des devins ; les
préfets des villes frontières ont envoyé
des espions dans les territoires à conquérir.
L’armée marche sous les ordres du roi, ou du tourtan,
général en chef, premier de tous les dignitaires, qui
participe au combat en tête de l’armée sur son char.
Des étendards, fixés à
l’extrémité d’une hampe et portés sur
des chars permettent d’assurer les communications au sein des
troupes.
© Jean Savaton
Déportation des populations (Nimrud -palais central).
Les Assyriens mènent une guerre
de dévastation destinée à terrifier
l’ennemi. Tous les rois assyriens se vantent dans leurs stèles de victoire de leur cruauté et des destructions effectuées. Voici un extrait de la chronique de Sargon II : Les
poutres de cyprès, couverture des palais, j’arrachai...
Leurs hauts donjons, qui, comme des montagnes, étaient
solidement fondés, jusqu’à leur base, comme du
sable (je les nivelai). A leurs maisons construites avec art, je mis le
feu : je fis s’élever leur fumée ; comme
à un ouragan, je lui fit occuper la place du ciel...Ses
magnifiques plantations, j’abattis ; ses vignes en
quantité, j’abattis : je fis chômer sa boisson.
Ses importantes forêts, leurs arbres je coupai. L’ensemble
de ses troncs coupés, comme des fétus réunis par
l’ouragan, je rassemblai : par le feu je les consumai. 146
villages environnants, j’allumai comme des bûchers :
de leur fumée, comme un ouragan, je couvris la face du ciel.
Vainqueurs dans une bataille, ils s’illustrent par leur
cruauté sans bornes : les hommes sont empalés ou
écorchés, les cadavres sont décapités pour
couronner les murs de la cité prise avec leurs têtes, les
villages sont brûlés, les femmes et les enfants sont
emmenés en captivité, les rebelles sont
écorchés vifs ou emmurés vivants. Il
lacéra les ventres des mères, il perça le corps
des enfants, aux puissants il coupa le cou, dans la fumée de
leur pays périrent les hommes. Que les débris
s’amoncellent pour celui qui pèche contre Assour.
Ces descriptions ont un but de
propagande : afficher la puissance sans borne du souverain et
dissuader en conséquence toute velléité de
résistance. Ultime action de guerre psychologique, les statues
divines des peuples vaincus sont détruites ou enlevées de
leurs temples, afin que les dieux absents ne puissent plus
protéger le pays vaincu.
Cette réputation de
cruauté était telle qu’à l’approche de
l’armée assyrienne, beaucoup préféraient se
soumettre, quitte à tenter plus tard de s’émanciper
à nouveau. Dans l’histoire de l’Antiquité,
les Assyriens resteront comme l’archétype d’un
peuple guerrier et sanguinaire.
Les palais assyriens
Entre le IXe et le VIe siècle, dans les trois capitales successives de l’empire (Nimrud, Khorsabad, Ninive)
et dans quelques villes provinciales, de nombreux palais furent
construits par la plupart des grands rois de cette époque.
Chaque roi, dès son avènement au trône,
commençait la construction de son palais. Les recherches
archéologiques en ont identifié une vingtaine, la plupart
d’entre eux sont réduits à l’état de
ruines. Comme en Babylonie, les principaux palais reposent sur une
plate-forme. Elle n’est pas nécessaire en Assyrie pour
protéger contre l’inondation mais elle donne à
l’ensemble de la construction un caractère plus monumental.
La religion assyrienne
© Jean Savaton
Stèle
d’Ashunazirpal II : la tête du roi est entourée
des symboles divins (orthosate de Nimrud - British Museum - WA 124552)
Un grand nombre de textes traitant de
la religion assyrienne ont été retrouvé surtout
dans les palais, la religion populaire est nettement moins bien connue.
Toutefois la religion n’exerçait pas sur cette
civilisation militaire
une influence aussi exclusive que chez ses voisins et ennemis. La
crainte des dieux est le fondement même de la religion. La
violation du devoir religieux entraîne un châtiment et
même la mort des coupables. La vertu de religion est
récompensée par une longue vie en ce monde.
Le panthéon assyrien s’inspire des antiques traditions de Babylone, sauf qu’à sa tête se trouvait le dieu national Assour. Les dieux Sîn, Shamash, Hadad, Nabou, Inourta, Nergal, Nouskou
sont les plus souvent mentionnés dans les textes. Une place
très importante était réservée à Ishtar.
Les Assyriens pensaient que Sîn et Shamash étaient
très proche l’un de l’autre en raison de leur
symbolisme astral. Puisqu’à la pleine lune le soleil et la
lune ont une forme presque identique, Sîn et Shamash
étaient adorés dans un même temple à Assour
et à Dûr-Sharrukin.
Le sanctuaire était formé de deux parties presque
identiques, dédiées chacune à l’un des deux
dieux. A Assour, les deux parties étaient non seulement
identiques, mais elles se faisaient face, symbolisant ainsi le
phénomène de l’opposition astrale au moment de la
pleine lune.
Comme en Babylonie, le culte divin se
compose de prières
publiques ou privées, d’offrandes, de sacrifices. Ces
offrandes aux dieux sont extrêmement variées. Au retour de
chaque campagne, le roi leur attribue une partie du butin pour
l’entretien ou la restauration de leurs sanctuaires,
l’enrichissement de leur trésor. La religion et la magie
ne se distinguent pas nettement l’une de l’autre. Le
clergé assyrien se divisait ainsi en exorcistes, devins et
chantres. Les temples assyriens sont construits sur le modèle
des sanctuaires suméro-akkadiens, parfois
s’élève une ziggourat.
Le dieu Hadad.
Le cosmos tout entier était
perçu comme le résultat de l’activité
créatrice des dieux, et l’on croyait que son
évolution passée et actuelle dépendait de la
volonté divine. Les dieux attendaient des hommes un comportement
moral et cultuel correct, qui serait récompensé par
l’octroi d’avantages matériels et moraux au cours de
leur vie terrestre, puisque la vie post-mortem n’avait pas
d’importance. Néanmoins, on considérait que
l’homme était responsable de ses choix moraux ; cela
signifiait que le péché devait être
sévèrement puni par les dieux au cours de la vie
terrestre et qu’il ne pouvait s’expier que par les
sacrifices et la prière.
© Photo R.M.N
Bas-relief du palais de Nimrud : génie agenouillé.
Les Assyriens considéraient en
effet que les phénomènes célestes et naturels
étaient des signes de l’attitude et de l’action
futures des dieux que l’on pouvait interpréter grâce
à des techniques divinatoires. De cette façon, la menace
de punition résultant de péchés tant
délibérés qu’involontaires pouvait
être détournée au moyen de rites, de prières
ou d’expiations appropriées.
Les génies ailés
sont des dieux mineurs. Ils sont représentés comme des
êtres hybrides, mi-humain mi animal , dotés
généralement deux ailes (parfois quatre) d’une
tête humaine ou d’oiseau (aigle), avec deux jambes ou une
queue de poisson. Ils sont vêtus d’une robe du même
type que celles que portent les rois. Dans la main droite, ils tiennent
très souvent un cône et un petit panier dans la gauche. Ce
petit cône ressemblant à la fleur mâle du dattier et
les génies ailés étant souvent
représentés devant un arbre de vie, cela
suggèrerait qu’on leur attribuait un rôle dans la
fertilisation des plantes. Parfois, les génies tiennent en mains
une masse, des fleurs ou des animaux.D’une manière plus
générale, on leur accorde un rôle de protecteur,
d’où leur présence répétée
à proximité des portes de palais et à
côté des représentations royales, en particulier
sur les murs de la salle du trône d’Ashurnazirpal.
On ne lui prêtait aucune
caractéristique ni qualité spécifique, et il
n’était même pas identifié à un
quelconque phénomène naturel comme la plupart des dieux
mésopotamiens. On ne lui attribuait aucun pouvoir particulier
sur l’âme ou le corps. Assour était le roi des
dieux, le dieu des rois et par conséquent de tous les sujets
assyriens.
Dieu suprême des Assyriens
Le nom d’Assur était écrit au Ier millénaire avec les signes cunéiformes « An » et « Shar ». Le signe « An » signifiant « le dieu », tandis que le signe « Shar »
est l’expression symbolique de l’infini : Asshar est
donc « le dieu (de la) totalité »,
créateur du ciel d’Anou et des lieux infernaux. Comme Mardouk
pour les Babyloniens, il est aussi créateur de
l’humanité. On le représente armé d’un
arc tendu et prêt à décocher une flèche, au
milieu d’un disque ailé, emprunté à la
symbolique des Hittites. Ishtar
est son épouse. Assur fut à l’origine une
divinité de la nature, avant de s’identifier pleinement
à la ville à laquelle il donne son nom puis à
l’Assyrie toute entière. C’est naturellement dans la
capitale religieuse que se trouvait le temple du dieu, l’Esharra,
régulièrement restauré et entretenu par les
souverains.
Dieu des rois
Stèle de Ninive représentant le roi Adad-Nirari III entouré des symboles divins.
La cérémonie du couronnement se déroule dans le temple du dieu, aux cris de « Assur est roi » : le nouveau souverain y reçoit explicitement du dieu l’ordre « d’élargir les frontières du pays ». Suivant une tradition qui remonte au moins à la seconde moitié du IIeAssyrie
est le grand prêtre du dieu Assur, son
« vicaire » pour l’exercice du pouvoir
suprême dans le pays. Le roi agissait en son nom (comme son
prêtre ou son représentant sur la terre), les
traités nationaux étaient signés en son nom, et
les citoyens assyriens juraient fidélité au roi en son
nom. millénaire, le roi d’
La plupart des souverains du Ier millénaire inclut le nom d’Assur dans leur nom royal, tels Assur-nazirpal, Assur-nirari, Assur-dan, Assur-ah-iddin, Assurbanipal,
et jusqu’au dernier roi d’Assyrie, Assur-uballit II. Sous
Assurbanipal, le roi se rattache même
généalogiquement à Assur.
Chaque année, le roi se rendait
au temple d’Assour pour célébrer solennellement sa
fête. Liée au début de la nouvelle année,
elle symbolisait le renouveau perpétuel de la création de
l’ordre (céleste et mondial) décrété
par les dieux aux premiers temps. Ce rite solennel permettait de
consacrer les règles sociales et morales ainsi que les relations
spéciales unissant le roi assyrien et sa nation au dieu national.
Dieu de la suprématie assyrienne
Palais de Sennachérib à Ninive : détail d’un bas-relief figurant des déportés Chaldéens.
Assur est un dieu guerrier. La
tâche de son serviteur, le roi, est de faire reconnaître sa
gloire par les autres nations. L’ennemi, qui ne reconnaissait pas
sa souveraineté divine, était détruit et
anéanti sur ses ordres. Cette reconnaissance passant par une
soumission politique, puis par l’intégration dans
l’empire assyrien à partir du VIIe
siècle. Au retour de sa campagne, le roi venait rendre
grâce à Assur, lui offrir la part la plus précieuse
du butin et lui faire un rapport écrit, dont le texte
était lu au peuple assemblé, puis pieusement
déposé dans le temple.
A la différence des grandes
divinités sumériennes ou babyloniennes, Assur
n’avait pas de « famille divine » ; on
lui donna comme épouse la déesse Mullissu, épouse
traditionnelle d’Enlil.
Et certains aspects de la figure d’Enlil furent désormais
attribués à Assur. Plusieurs textes mythologiques furent
ainsi arrangés pour servir de support à la
prééminence du culte royal officiel. À partir du
règne de Sennachérib, certains lettrés cherchèrent à substituer Assur à Mardouk,
en élaborant une « version assyrienne » de
l’Epopée de la Création, le grand texte qui servait
de fondement théologique à la prééminence
du dieu de Babylone.
Les royaumes conquis ont toujours
gardé leurs panthéons propres, tout en étant tenus
de reconnaître la prééminence d’Assur. Mais
le culte d’Assur resta cantonné à l’Assyrie
et aucun temple dans les pays conquis, ne fut
réaménagé pour devenir un sanctuaire de ce dieu.
La société assyrienne
La hiérarchie sociale
Till Barship : dignitaires assyriens.
La conception de l’État est la même qu’en Babylonie. Le dieu Assour
est le véritable maître du pays et de la ville qui portent
son nom. Le roi d’Assyrie est son vicaire et n’entreprend
rien d’important sans en recevoir l’ordre et sans en rendre
compte. Au retour de chaque campagne, il lui adresse un rapport
détaillé, véritable journal de marche et relation
des succès obtenus.
Le roi, la reine et le prince héritier ont chacun leur maison avec de nombreux fonctionnaires. Les Sargonides
s’entourent de tout un peuple de familiers : garde du sceau,
maître de cérémonies, grand échanson, grand
maître des écuries, chef des eunuques, porte-sceptre... La
reine a son service de scribes, un garde du sceau... Le prince
héritier, comme le roi, dispose d’une maison militaire et
d’une maison civile. Ces fonctionnaires du palais sont des
eunuques. Leur proximité avec le roi et le pouvoir qui en
découle semble avoir été la cause d’une
rébellion de la noblesse durant le règne de Salmanasar III. Sous le règne de Sennachérib, la disparition des eunnuques des scènes figurées sur les orthostates
laissent supposer qu’ils connurent alors une moindre importance
sociale ; on observera le phénomène inverse sous le
règne d’Ashurbanipal.
Le peuple se divise en deux
classes : les gens de condition libre et les esclaves. Les
esclaves peuvent transmettre leur nom à leurs enfants,
posséder des biens, traiter des affaires, être
témoin et posséder un sceau. Un esclave peut parfois
s’élever à une haute situation.
source : www.cliolamuse.com