L’usage qu’en fait la Bible.
Puisque la Bible est un livre à la fois historique et prophétique, les
nombres qu’elle donne peuvent être soit littéraux, soit symboliques. Le
contexte indique habituellement en quel sens ils sont utilisés. La
Bible mentionne souvent certains nombres dans un sens métaphorique,
figuré ou symbolique. Dans ces cas-là, il est essentiel de connaître
leur signification pour comprendre le texte. La numérologie, qui tire
apparemment son origine de la Babylone antique, est condamnée par Dieu,
au même titre que les autres formes de divination. — Dt 18:10-12.
On examinera ici quelques emplois au figuré de certains nombres qui tiennent une grande place dans la Bible.
Un.
Quand il est employé figurément, ce chiffre emporte l’idée d’unicité ou
d’unité de but et d’action. Moïse déclara : “ Écoute, Israël : Yahvé
notre Dieu est le seul Yahvé. ” (Dt 6:4 (Jérusalem)). Lui seul est
Souverain. Il est unique. Il ne partage sa gloire avec personne, à la
différence des dieux trinitaires païens (Ac 4:24 ; Ré 6:10 ; Is 42:8).
Il y a unité de but et d’action entre Jéhovah et Jésus Christ (Jn
10:30), et il devait y avoir une totale unité des disciples de Christ
avec Dieu, avec son Fils et les uns avec les autres (Jn 17:21 ; Ga
3:28). Cette unité est illustrée par le mariage. — Gn 2:24 ; Mt 19:6 ;
Ép 5:28-32.
Deux.
Le deux apparaît souvent dans un contexte juridique. Les déclarations
concordantes de deux témoins donnent du poids à leur témoignage. Il
fallait deux témoins, ou même trois, pour porter une affaire devant les
juges. La congrégation chrétienne applique également ce principe (Dt
17:6 ; 19:15 ; Mt 18:16 ; 2Co 13:1 ; 1Tm 5:19 ; Hé 10:28). Dieu le
suivit lorsqu’il présenta son Fils au peuple comme le Sauveur de
l’humanité. En effet, Jésus dit : “ Dans votre propre Loi il est écrit
: ‘ Le témoignage de deux hommes est vrai. ’ C’est moi qui témoigne à
mon propre sujet, et le Père qui m’a envoyé témoigne à mon sujet. ” —
Jn 8:17, 18.
Faire
quelque chose une seconde fois, par exemple la répétition d’une
déclaration ou d’une vision, même sous une forme seulement parallèle,
en établissait solidement la véracité et la certitude. (Ce fut le cas
du rêve de Pharaon relatif aux vaches et aux épis de céréales [Gn
41:32].) La poésie hébraïque de la Bible est riche en parallélisme de
pensée, qui ancre plus solidement dans l’esprit les vérités énoncées
tout en en clarifiant le sens par la variété dans l’expression. — Voir
Ps 2, 44, et d’autres.
Dans
la prophétie de Daniel, le fait qu’une bête avait “ deux cornes ”
symbolisait le dualisme de la domination médo-perse. — Dn 8:20, 21 ;
voir aussi Ré 13:11.
Trois.
Si les déclarations de deux personnes à propos d’une même affaire
suffisaient pour intenter une action judiciaire, l’attestation de trois
renforçait encore le témoignage. Le nombre trois est donc employé dans
certains cas pour marquer l’intensité, l’accentuation ou une force
accrue. “ Un cordon triple ne se rompt pas vite. ” (Ec 4:12). Jésus
accentua sa question en la posant trois fois à Pierre après que
celui-ci l’eut renié trois fois (Mt 26:34, 75 ; Jn 21:15-17). Pierre
eut à trois reprises — ce qui fut marquant — la vision lui demandant de
manger toutes sortes d’animaux, y compris ceux que la Loi déclarait
impurs. Cela l’aida sans doute à comprendre, lorsque Corneille et sa
maisonnée acceptèrent la bonne nouvelle, que Dieu s’occupait désormais
des gens des nations incirconcis, qui étaient impurs aux yeux des
Juifs. — Ac 10:1-16 ; 28-35, 47, 48.
La
déclaration des créatures célestes : “ Saint, saint, saint est Jéhovah
” souligne l’intensité de la sainteté et de la pureté de Jéhovah (Is
6:3 ; Ré 4:8). Avant d’enlever du trône le dernier roi terrestre de la
lignée de David, Jéhovah déclara : “ J’en ferai une ruine, une ruine,
une ruine. Quant à cela aussi, oui ce ne sera à personne jusqu’à ce que
vienne celui qui a le droit légal, et vraiment je le lui donnerai. ” Il
montrait ici avec insistance qu’aucun roi de la lignée davidique ne
s’assiérait en son nom sur le trône à Jérusalem — celui-ci serait
absolument vacant — jusqu’à ce que vienne le moment fixé par Dieu
d’investir son Messie du pouvoir royal (Éz 21:27). L’intensité des
malheurs à venir sur les habitants de la terre est annoncée par la
triple déclaration : “ Malheur. ” — Ré 8:13.
Quatre.
Le chiffre quatre exprime parfois l’universalité ou la symétrie et la
forme du carré. Il apparaît trois fois en Révélation 7:1. Ce passage
montre “ quatre anges ” (tous les anges responsables des “ quatre vents
”, prêts pour une destruction totale) debout “ aux quatre coins ” de la
terre (ce qui leur permet de relâcher les vents obliquement ou
diagonalement pour n’épargner aucun quart du globe) (voir Dn 8:8 ; Is
11:12 ; Jr 49:36 ; Ze 2:6 ; Mt 24:31). La Nouvelle Jérusalem est “
carrée ” ; ses quatre côtés sont égaux. En réalité, elle est même de
forme cubique (Ré 21:16). On trouve le nombre quatre dans d’autres
expressions figurées en Zekaria 1:18-21 et 6:1-3, et en Révélation
9:14, 15.
Six.
Ce nombre représente quelquefois l’imperfection. Six cent soixante-six,
le nombre de “ la bête sauvage ”, est appelé “ un nombre d’homme ” pour
indiquer qu’il concerne l’homme déchu et imparfait. Il semble donc
symboliser l’imperfection de ce que représente “ la bête sauvage ”.
Ici, le chiffre six est accentué au troisième degré (il apparaît dans
les unités, les dizaines et les centaines) afin de souligner
l’imperfection et l’insuffisance de ce que la bête représente. — Ré
13:18.
Sept.
Les Écritures utilisent souvent le chiffre sept pour évoquer l’état de
ce qui est complet, parfois pour montrer qu’une œuvre est menée à terme
ou évoquer le cycle complet de choses établies ou permises par Dieu. En
achevant son œuvre concernant la terre en six jours de création et en
se reposant le septième jour, Jéhovah établit le modèle pour l’ensemble
des dispositions relatives au sabbat, depuis la semaine de sept jours
jusqu’à l’année jubilaire, qui marquait la conclusion d’un cycle de
sept fois sept ans (Ex 20:10 ; Lv 25:2, 6, 8). La fête des Pains sans
levain (azymes) et la fête des Huttes duraient chacune sept jours (Ex
34:18 ; Lv 23:34). Le chiffre sept figure souvent dans les lois
lévitiques relatives aux offrandes (Lv 4:6 ; 16:14, 19 ; Nb 28:11) et
aux purifications. — Lv 14:7, 8, 16, 27, 51 ; 2R 5:10.
Dans la Révélation, les “ sept congrégations ” et leurs caractéristiques donnent une image complète de toutes les congrégations de Dieu sur la terre. — Ré 1:20–3:22.
Les
“ sept têtes ” de la “ bête sauvage ” (Ré 13:1) indiquent que celle-ci
ne serait autorisée à se développer que jusqu’à une limite bien
précise. Il est vrai que la “ bête sauvage de couleur écarlate ” est
appelée un “ huitième ” roi ; toutefois, elle procède des sept et
n’existe pas indépendamment de la bête sauvage à sept têtes (Ré 17:3,
9-11), de la même façon que l’“ image ” de la “ bête sauvage ”. (Ré
13:14.) Pareillement, la “ bête sauvage ” à deux cornes existe en
réalité en même temps que la première “ bête sauvage ” dont elle essaie
d’apposer la “ marque ” sur chaque humain. — Ré 13:11, 16, 17.
Dieu fut
patient avec les Israélites, mais il les avertit que s’ils le
méprisaient malgré sa discipline il les châtierait “ sept fois ”,
c’est-à-dire complètement, pour leurs péchés. — Lv 26:18, 21, 28.
Dans
les parties historiques des Écritures, on trouve souvent le chiffre
sept pour évoquer l’état de ce qui est complet ou le fait de mener une
action à terme. Les Israélites démontrèrent une foi et une obéissance
entières quand ils marchèrent pendant sept jours autour de Jéricho et
en firent sept fois le tour le septième jour, après quoi les murailles
s’écroulèrent (Jos 6:2-4, 15). Sur le mont Carmel, Éliya montra qu’il
croyait totalement à l’efficacité des prières qu’il adressait à Dieu
lorsqu’il demanda à sept reprises à son serviteur de monter regarder le
ciel avant qu’un nuage de pluie n’apparaisse (1R 18:42-44). Il fallut
que Naamân, le lépreux, se baigne sept fois dans le Jourdain. Ce
puissant général syrien dut faire preuve d’une très grande humilité
pour se conformer à ces instructions du prophète Élisha, mais il obéit
et Dieu le purifia (2R 5:10, 12). La pureté, la perfection et
l’excellence des paroles de Jéhovah sont comparées, avec la force et
l’intensité de la poésie, à l’argent qui est affiné dans un four de
fusion et sept fois épuré (Ps 12:6). La miséricorde de Dieu est exaltée
par ces paroles : “ Le juste peut tomber sept fois, mais, à coup sûr,
il se relèvera ; les méchants, par contre, trébucheront à cause du
malheur. ” (Pr 24:16). Le psalmiste reconnaît que Dieu est digne de
recevoir toutes les louanges, lorsqu’il déclare : “ Sept fois par jour
je t’ai loué. ” — Ps 119:164.
Dans
le livre de la Révélation, le chiffre sept est employé de nombreuses
fois comme symbole en rapport avec les choses de Dieu et de sa
congrégation, ainsi qu’avec les choses de l’adversaire de Dieu, Satan
le Diable, dans la guerre totale qui l’oppose à Dieu et à son peuple. —
Ré 1:4, 12, 16 ; 5:1, 6 ; 8:2 ; 10:3 ; 12:3 ; 13:1 ; 15:1, 7 ; 17:3, 10
; et d’autres textes.
Les
multiples de sept servent eux aussi à rendre l’idée de ce qui est
complet. Le nombre soixante-dix (dix fois sept) est utilisé au sens
prophétique dans les “ soixante-dix semaines ” de la prophétie de
Daniel relative à la venue du Messie (Dn 9:24-27 ; voir SOIXANTE-DIX
SEMAINES). Pour avoir désobéi à Dieu, Jérusalem et Juda restèrent
désolés pendant soixante-dix ans, “ jusqu’à ce que le pays se soit
acquitté [complètement] de ses sabbats ”. — 2Ch 36:21 ; Jr 25:11 ;
29:10 ; Dn 9:2 ; Ze 1:12 ; 7:5.
Soixante-dix-sept,
sept répété deux fois, voulait dire “ indéfiniment ” ou “ sans limites
”. Conformément au conseil de Jésus, c’est ainsi que les chrétiens
doivent pardonner à leurs frères (Mt 18:21, 22). Puisque Dieu avait
décrété que quiconque tuerait le meurtrier Caïn devrait “ subir la
vengeance sept fois ”, Lamek, qui avait apparemment tué un homme en
réaction d’autodéfense, déclara : “ Si Caïn doit être vengé sept fois,
alors Lamek soixante-dix fois et sept. ” — Gn 4:15, 23, 24.
Huit. Le chiffre huit servait lui aussi à ajouter l’idée d’accentuation
à celle qui exprime l’état de ce qui est complet (un de plus que sept,
le chiffre qui marque généralement l’état de ce qui est complet). Il
représente donc parfois l’abondance. Jéhovah assura à son peuple qu’il
le délivrerait de la menace de l’Assyrie en déclarant qu’il serait
suscité contre l’Assyrien “ sept bergers, oui, [pas seulement sept,
mais] huit ducs d’entre les humains ”. (Mi 5:5.) Pour clore de façon
appropriée la fête des Huttes, dernière fête de l’année religieuse, le
huitième jour devait être un jour de saint rassemblement, d’assemblée
solennelle, un jour de repos complet. — Lv 23:36, 39 ; Nb 29:35.
Dix.
Le nombre dix évoque la totalité, l’intégralité, l’ensemble, la somme
de tout ce qui compose quelque chose. On peut noter également que,
lorsque sept et dix sont mentionnés ensemble, sept représente ce qui
est élevé ou supérieur et dix quelque chose de nature inférieure ou
subordonnée.
Les
dix plaies qui s’abattirent sur l’Égypte exprimaient pleinement le
jugement de Dieu sur ce pays ; elles suffirent à humilier complètement
les faux dieux égyptiens et à briser la domination de l’Égypte sur
Israël, le peuple de Dieu. Les “ Dix Paroles ” constituaient les règles
fondamentales de l’alliance de la Loi. Les quelque 600 autres lois ne
faisaient que les développer, les éclairer ou en expliquer la mise en
pratique (Ex 20:3-17 ; 34:28). Jésus utilisa le nombre dix dans
plusieurs de ses exemples pour évoquer l’intégralité d’une chose ou un
nombre complet de choses. — Mt 25:1 ; Lc 15:8 ; 19:13, 16, 17.
Une
des bêtes de la vision de Daniel et d’autres décrites en Révélation
avaient dix cornes. Celles-ci représentaient vraisemblablement toutes
les puissances, ou “ rois ”, de la terre qui constituent un ensemble
comparable à une bête (Dn 7:7, 20, 24 ; Ré 12:3 ; 13:1 ; 17:3, 7, 12).
Le caractère complet de l’épreuve ou de la durée de l’épreuve que Dieu
fixe pour ses serviteurs ou permet qu’ils subissent est souligné en
Révélation 2:10 en ces termes : “ N’aie pas peur des choses que tu es
sur le point de subir. Écoute ! Le Diable continuera de jeter
quelques-uns d’entre vous en prison pour que vous soyez pleinement mis à l’épreuve, et pour que vous ayez une tribulation pendant dix jours. ”
Douze.
Le patriarche Jacob eut 12 fils qui devinrent les fondements des 12
tribus d’Israël. Dieu fit de leurs descendants sa nation qu’il organisa
dans le cadre de l’alliance de la Loi. Douze semble donc représenter
une nation constituée par Dieu, complète et équilibrée (Gn 35:22 ;
49:28). Jéhovah choisit 12 apôtres, qui forment les fondements
secondaires de la Nouvelle Jérusalem, bâtie sur Jésus Christ (Mt 10:2-4
; Ré 21:14). Les ‘ fils de l’Israël [spirituel] ’ sont répartis en 12
tribus, chacune composée de 12 000 membres. — Ré 7:4-8.
Parfois,
les multiples de 12 ont eux aussi une signification. Ainsi, David
établit 24 divisions de prêtres pour servir à tour de rôle dans le
temple que Salomon devait bâtir par la suite (1Ch 24:1-18). Ce détail
aide à définir ce que représentent les “ vingt-quatre anciens ” qui
sont assis autour du trône de Dieu, en vêtements de dessus blancs et
avec des couronnes sur la tête (Ré 4:4). Les disciples de Jésus Christ,
ses frères spirituels, reçurent la promesse qu’ils seraient rois et
prêtres avec lui dans les cieux. Puisque ces anciens ne peuvent être
uniquement les apôtres, dont le nombre n’était que de 12, ils doivent
vraisemblablement symboliser le groupe entier de la “ prêtrise royale
”, les 144 000 (représentés dans les 24 divisions de prêtres servant au
temple) dans leur position céleste, en tant que rois couronnés et
prêtres. — 1P 2:9 ; Ré 7:4-8 ; 20:6.
Quarante.
Dans certains cas, des périodes de jugement ou de châtiment semblent
associées au nombre 40 (Gn 7:4 ; Éz 29:11, 12). Ninive eut 40 jours
pour se repentir (Yon 3:4). Un autre emploi du nombre 40 souligne la
ressemblance entre la vie de Jésus et celle de Moïse, qui fut un type
de Christ. Ces deux hommes, en effet, jeûnèrent pendant 40 jours. — Ex
24:18 ; 34:28 ; Dt 9:9, 11 ; Mt 4:1, 2.
Une
objection que les numérologues n’ont pas pu surmonter est que les
calendriers varient selon les cultures. Imaginez par exemple que vous
viviez dans un pays où l’on emploie le calendrier chinois. Selon ce
calendrier, le 11 septembre 2001, mentionné en introduction, est le 24e jour du 7e mois de la 18e année du 78e
cycle. Dans le calendrier julien, il s’agit du 29 août 2001. D’après le
calendrier musulman, c’est le 22 djumâdâ II 1422. Quant au calendrier
hébreu, il désigne cette date comme le 23 Éloul 5761. Comment une date
qui s’exprime de tant de façons différentes pourrait-elle avoir une
signification numérologique ? Autre objection : chaque langue a sa
propre orthographe des noms. En français par exemple, les lettres
contenues dans le nom Jean valent 3, tandis qu’en anglais les lettres
du même prénom, John, valent 2.
Reconnaître
que de nombreux aspects de l’univers peuvent s’expliquer par des
formules mathématiques est une chose. Ces formules peuvent être testées
et démontrées. Mais prétendre que votre nom a été prédestiné pour
coïncider avec votre date de naissance et pour être lié à certains
nombres de façon à établir votre sort est tout autre chose.
La
conclusion est claire : croire aux interprétations de la numérologie
alors qu’elles dépendent de facteurs aussi variables que le calendrier
et la langue revient à reculer les frontières de la crédibilité
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