Alexandre le grand |
8:49 PM | |||
Alexandre III le Grand
Roi de Macédoine (336-323 av. J.-C.). Alexandre III le Grand, maître de la Grèce, de l'Egypte et de l'Asie, est l'un des personnages les plus illustres de l'histoire universelle. Ses exploits, évoqués par la Bible et le Coran, sa gloire entretenue et célébrée en Orient comme en Occident en font un héros et une figure de légende. Fils d'Olympias, princesse d'Epire, et de Philippe II, roi de Macédoine, Alexandre III le Grand reçoit une éducation princière et a pour précepteur Aristote. Adolescent, il donne toute la mesure de son talent militaire en assumant, en 340, la régence du royaume macédonien et en s'illustrant dans la guerre contre les Thébains (bataille de Chéronée en 338). Roi de Macédoine à vingt ans, il consolide les frontières du royaume, pousse jusqu'au Danube, soumet les Thraces et neutralise les Illyriens. En Grèce, il impose sa loi aux cités d'Athènes et de Thèbes et, en 335, reforme à son profit la ligue de Corinthe. La progression en territoires perses Commence alors pour Alexandre une longue aventure qui, en un peu plus d'une décennie, va le mener sur les bords de l'Indus et de l'Oxus. Reprenant le projet formé par son père d'une «guerre de représailles» contre les Perses, il franchit l'Hellespont et débarque en Troade avec 30'000 fantassins et 5'000 cavaliers. Des succès rapides lui permettent de libérer les cités grecques et de triompher des soldats du Grand Roi des Perses, Darius (bataille du Granique, juin 334). Depuis la cité de Gordion - où il tranche le légendaire nœud gordien, geste qui lui promet la possession de l'empire d'Asie -, Alexandre progresse à l'intérieur des territoires perses. En automne 333, il occupe les villes côtières de Syrie et de Phénicie. La «libération» de l'Egypte La prise de Gaza lui ouvre la voie de l'Egypte, où il pénètre en décembre 332. Le pays des pharaons l'accueille en libérateur; en retour, Alexandre multiplie les gestes politiques: sacrifices au dieu Apis, pèlerinage au sanctuaire d'Amon, à Siouah, où les prêtres lui confèrent le titre de «fils d'Amon». En janvier 331, il fonde sa première ville coloniale, Alexandrie, qui va devenir pendant des siècles un brillant centre de l'hellénisme. D'Egypte, Alexandre gagne ensuite la Mésopotamie, où il triomphe définitivement de Darius dans la plaine de Gaugamèles (octobre 331). Le roi de l'Asie Après les prises de Babylone, Suse, Persépolis, Pasargades et Ecbatane, il est consacré roi d'Asie et héritier des Achéménides. La «pacification» de l'Asie centrale, qui nécessite près de trois ans (329-327), s'étend à l'Hyrcanie, l'Arie, l'Arachosie, la Bactriane, la Sogdiane et porte Alexandre jusqu'aux «bornes de Bacchus», limites septentrionales de l'oikoumenê (terme grec qui désignait l'ensemble des terres habitées, et, dans ce cas précis, le Caucase). Le long de sa route, le conquérant crée de nombreuses Alexandries dont certaines portent aujourd'hui les noms de Harat, Kandahar, Samarkand. En 327, l'aventure se poursuit
au-delà des passes de l'Hindou Kouch. Dévalant dans la
plaine, Alexandre traverse l'Indus en 326 et, au terme d'une
bataille contre l'armée du roi indien Paurava, occupe la
région du Pendjab, où il crée les colonies
grecques de Nicée et de Bucéphalie. Le retour, en juillet
326, se fait le long de la vallée de l'Indus.
Arrivée à Pattala en 325, l'armée se scinde
en trois fractions: l'amiral Néarque rentre par mer à
travers le golfe Persique; Cratère ramène une
deuxième partie des troupes par les passes du Bolan; Alexandre
emprunte les déserts de Carmanie et de Gédrosie. L'œuvre Rentré à Babylone en 323, Alexandre se préoccupe de l'organisation de son empire.
La fusion entre vainqueurs et
vaincus
La politique économique
La politique économique se révèle des plus
hardies. Elle se fait pour l'essentiel en cours de
conquête: dans chaque région conquise, Alexandre prend
soin de recenser les richesses et d'explorer
les voies maritimes,
fluviales et terrestres. Ainsi, en Egypte, en 331, il
organise une mission scientifique chargée d'étudier
la crue du Nil; en Inde, il fait explorer le delta de l'Indus,
étudier la flore, la faune, le sous-sol et même dresser
des cartes; en Babylonie, à son retour, il édifie un
grand port. Sa mort prématurée, en juin 323, met un terme
à ses projets de conquête des côtes du golfe
Arabo-Persique et d'Arabie. Les Alexandries, ces avant-postes
de l'hellénisme, participent aussi de cette volonté
d'exploiter des pays dont la richesse est avant tout
fondée sur l'importance des ressources naturelles.
L'histoire d'Alexandre est aussi celle d'un mythe né dans l'Antiquité et entretenu par les historiographes orientaux et occidentaux. L'historiographie antique La Grèce L'Egypte Rome La «nouvelle» histoire d'Alexandre Mais l'Orient, et plus particulièrement Alexandrie, entendent rester maîtres de la légende. Vers 222, une Histoire d'Alexandre le Grand, faussement attribuée à Callisthène et probablement composée par des auteurs alexandrins, impose une nouvelle vision du personnage et de son épopée. Les changements chronologiques Ce roman, traduit en latin vers 338-340 par Julius Valerius Polemius, transfigure pour plus de dix siècles l'image déjà dénaturée du Macédonien. Alexandre, écrit-on dans l'œuvre de ce pseudo-Callisthène, naquit de l'union d'Olympias avec Nectanebo, dernier pharaon d'Egypte qui, pour fuir l'armée du Perse Artaxerxès III, va se réfugier à Pella, capitale de la Macédoine. Les changements géographiques De plus, à côté de cette chronologie fallacieuse, le pseudo-Callisthène introduisit une nouvelle géographie des conquêtes alexandrines. Celles-ci auraient commencé à Rome et non en Orient. De la sorte, l'Egypte, alors conquise par les Romains, prenait une revanche morale sur ses conquérants. Soucieux d'affirmer l'universalité de l'entreprise alexandrine, le pseudo-Callisthène promène son héros à travers les limites de l'oikoumenê, agrémentant chacun de ses déplacements d'une aventure merveilleuse. Ainsi, à l'Est (en Inde), Alexandre rencontre les sages brahmanes et s'entretient avec eux de la vie et de la mort, de la royauté et de la puissance. Au Nord (dans le Caucase), il affronte Gog et Magog, forces du mal qu'il parvient à contenir derrière un mur de fer. A l'Ouest, il va jusqu'aux îles Fortunées où il plonge dans les abysses. Tous ces voyages et ces récits sont repris et enjolivés dans les versions postérieures de ce premier «roman» d'Alexandre. Les récupérations Les juifs En Orient, pendant que le mythe s'ancre dans les mentalités populaires et s'enrichit de nouvelles fables, les juifs, dans une démarche revendicative, annexent à leur tour le héros macédonien. Le pseudo-Callisthène leur a déjà ouvert la voie, narrant une rencontre entre le Macédonien et le grand prêtre de Jérusalem. Le Talmud - ouvrage de littérature rabbinique -, reprenant cette tradition, fait d'Alexandre un héros sémitique, défenseur et propagateur de la religion du Dieu unique. Les chrétiens Faisant leur propre lecture du pseudo-Callisthène, les chrétiens d'Orient y trouvent à leur tour matière à exégèse. Le syriaque Jacques de Sarudj, dans une homélie métrique datée de 514, insiste tout particulièrement sur le voyage au pays des ombres et la construction de la muraille destinée à contenir les assauts de Gog et Magog. Ces deux missions «divines» sont à ses yeux la marque de la prédestination d'Alexandre. Cette version syriaque du pseudo-Callisthène est suivie d'autres, araméenne, copte, géorgienne, éthiopienne, indienne et même malaise. Toutes amplifient à souhait les exploits d'un Alexandre surhomme et à la limite du divin. Alexandre dans l'Occident médiéval Pendant ce temps, en Occident, l'histoire d'Alexandre connaît une actualité nouvelle. Dès le Xe siècle, un homme d'Eglise, l'archiprêtre Léon, écrit un attrayant récit de l'épopée alexandrine. Son Histoire des batailles sert de point de départ à d'autres compositions, telle la Chanson d'Alexandre du prêtre allemand Lamprecht (vers 1130). Par œcuménisme ou par conviction, ces versions chrétiennes d'Occident voient elles aussi dans Alexandre l'exécuteur d'une volonté divine. Parallèlement, avec le déclenchement des croisades, la féodalité se saisit de l'épopée, à laquelle elle donne un caractère à la fois mystique et temporel. Ainsi, dans l'Alexandreis de Gautier de Lille (XIIe siècle), le Macédonien apparaît comme le prototype du chevalier courtois. Mais dans la France du XIIe siècle,
l'œuvre la plus populaire est le Roman d'Alexandre des
trouvères Lambert le Tort et Alexandre de Paris (ou de Bernay);
ce poème est composé en vers de douze syllabes, qu'on
appellera dès lors des « alexandrins »
dans l'art de la versification française. Plus tard, la
royauté - tout particulièrement sous Louis XIV - privilégia l'image d'un Alexandre conquérant et invincible. | ||||
Category: DOSSIER HISTORIQUE | Views: 12921 | Added by: sourcedevie | Rating: 0.0/0 | |
Total comments: 0 | |