L'empire Romain |
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Huit siècles d'histoire
Si l'histoire de Rome s'étend sur douze siècles, celle de son empire n'en couvre que huit et son caractère unitaire n'est indiscutable que pour trois siècles environ. Si son étendue est considérable, le peuplement y demeura faible (une centaine de millions d'habitants). Rome accepta tout un héritage: celui de la civilisation grecque, et sut l'assimiler, demeurant réceptive à des influences tant celtiques que sémitiques, le christianisme étant l'aspect le plus connu de ces dernières. Romulus et Remus Lorsque les Grecs s'emparent de Troie, le prince Enée, fils de Vénus et du mortel Anchise, réussit selon la tradition à s'enfuir en Italie, et aborde près de l'embouchure du Tibre. Il s'allie au roi aborigène Latinus, dont il épouse la fille Lavinie, et fonde Lavinium. Son fils Ascagne fonde Albe la Longue, dont le treizième roi, Numitor, est détrôné par son frère Amulius. Ce dernier fait de sa nièce, Rhea Silvia, une vestale vouée à la chasteté. Or celle-ci, violée par le dieu Mars, donne le jour à des jumeaux, Romulus et Remus, qui sont déposés sur le Tibre. Le fleuve en crue abandonne leur berceau au pied d'une colline, le Palatin. Ils sont nourris par une louve, puis recueillis par un berger.
Parvenus à l'âge adulte,
Romulus et Remus rassemblent une troupe qui réussit à
tuer Amulius pour rétablir Numitor sur le trône
d'Albe. Leur grand-père les encourage à aller
s'installer ailleurs, et les jumeaux choisissent le site de
Rome.
Romulus dote Rome d'un sénat, divise la population en trente curies, lui donne des institutions, une organisation militaire, avant de disparaître mystérieusement et d'être honoré par assimilation au dieu Quirinus. C'est un Sabin, Numa Pompilius, qui lui
succède et qui donne à Rome, suivant les conseils de la
nymphe Egérie, son organisation religieuse. Vient ensuite Tullus
Hostilius, qui détruit Albe la Longue (épisode du combat
des Horaces et des Curiaces). Enfin, le Sabin Ancus Martius fonde
Ostie. Trois rois étrusques Le VIe siècle est marqué par le règne de trois rois étrusques. Tarquin soumet les Latins, fait assécher le site où sera installé le forum et renforce le sénat. Servius Tullius fait construire une enceinte et, pour organiser une armée civique, dote les Romains d'une constitution censitaire. Enfin, Tarquin, surnommé le Superbe, engage de grands travaux et construit le temple de Jupiter, Junon et Minerve
sur le Capitole. Mais ce souverain se conduit en tyran, et l'un de ses
fils viole Lucrèce, qui se suicide. Brutus ameute alors le corps
civique et ordonne la fermeture des portes de Rome à Tarquin,
parti en expédition. C'est alors que commencerait la
République. Rome vers 509 av. J.-C.
Un peuplement est attesté par
l'existence de fonds de cabanes sur le Palatin et de
nécropoles vers le nord. L'expansion de la civilisation
étrusque, jusqu'en Campanie, se traduit par la
conquête du Latium. Le VI
e
siècle correspond à une
période de grande activité édilitaire et de
participation aux échanges méditerranéens.
C'est aux
Etrusques que Rome
doit son nom, sa muraille, l'assèchement de la cuvette du
Forum (construction d'un grand égout, ou Cloaca maxima) et
la construction du sanctuaire du Capitole. Les fouilles ont
révélé de grandes demeures privées. Enfin, des
populations venues d'autres contrées y affluèrent. La
Rome des rois étrusques apparaît comme une cité
florissante, où trois pouvoirs se partagent
l'administration: le roi, le sénat et l'assemblée
des gentiles dans le cadre des trente curies. La fin de la
monarchie se traduit par l'avènement d'une
aristocratie. Rome ne se libère de l'emprise étrusque
que vers 475-470, avant de se replier sur elle-même. La République romaine
connaît des débuts difficiles. Membre de la ligue des
peuples latins, elle en prend le contrôle, déjoue la
menace étrusque et repousse les attaques des peuples montagnards
de l'intérieur. L'invasion gauloise de 390 n'est qu'une
brève catastrophe, sans doute bénéfique dans la
mesure où elle affaiblit les cités étrusques au
nord.
Au milieu du IVe siècle, la nouvelle muraille de Rome en fait la cité la plus vaste en Italie centrale. Comme
les peuples sabelliens (montagnards de l'Apennin) de l'intérieur
ont conquis presque toute la Campanie, la cité grecque de Naples
demande des secours à Rome contre l'un d'entre eux, les
Samnites. Les Romains, depuis 348, ont établi des rapports
diplomatiques avec Carthage, et dominent le Latium depuis la dissolution de la ligue latine en 338. Les Grecs
ne s'aperçoivent du danger que représente Rome qu'au
moment où les armées romaines avancent en Campanie; les
guerres menées contre les Samnites permettent à Rome de
forger une armée solide, et les alliances formées entre
Samnites, Gaulois et Etrusques
ne peuvent en venir à bout. Sa victoire à Sentinum, en
Ombrie (295), marque un tournant: les Romains contrôlent
désormais toute l'Italie centrale, notamment les riches
contrées d'Etrurie et de Campanie. Les cités grecques
méridionales font appel au roi d'Epire, Pyrrhus, dont
l'armée est épuisée par ses propres victoires; les
Grecs se divisent, et le roi doit rembarquer. La prise de Tarente en 272 met un
terme aux résistances méridionales, tandis que la prise
puis la destruction de Volsinies (Orvieto) marquent la fin de la
résistance étrusque. L'Empire prend forme, mais c'est
Rome qui dirige la politique «italienne» par des
traités bilatéraux à son avantage. Les Romains ont
aussi confisqué de nombreux territoires, souvent en des points
stratégiques, et y ont établi des colons. Lors de la première guerre punique (264-241), Rome l'emporte et prend le contrôle de la Sicile, de la Sardaigne et de la Corse, ses premières provinces hors d'Italie. Carthage se dote alors d'un vaste ensemble territorial dans le sud de la péninsule Ibérique (fondation de Carthagène), tandis que Rome doit faire face à une forte riposte des Gaulois du fait de sa politique de colonisation en Italie septentrionale. La deuxième guerre punique (219-201) est dominée par le génie d' Hannibal,
dont l'écrasante victoire à Cannes (216) entraîne
la défection de Capoue, la plus puissante alliée des
Romains. Après la défaite d'Hannibal Finalement, à Zama, en Afrique, Scipion, allié aux Numides, contraint Carthage à la paix en 202, après avoir vaincu Hannibal. Les Romains étendent leur Empire sur un bon tiers de la péninsule Ibérique, du Perthus au cap Sagres, mais il leur faudra deux générations pour venir à bout de la résistance des peuples de l'intérieur et porter leur frontière jusqu'au Tage.
Conscients peut-être de la
supériorité de la
civilisation
hellénistique, les Romains veulent éviter une occupation
permanente en Méditerranée orientale. Le contrôle de
la plaine du Pô leur paraît essentiel (fondation
d'Aquilée en 181), et si les légions romaines
brisent la puissance des rois grecs, c'est pour maintenir un
équilibre où leurs alliés (notamment les rois de
Pergame, d'
Egypte et de la
République rhodienne) tiennent leur place. Cette politique ne
dure qu'un demi-siècle: il faut organiser la
Macédoine en provinces pour la défendre contre les
Barbares (148) et terroriser les
Grecs par la
destruction de Corinthe, l'année même où
Carthage est anéantie à l'issue de la troisième
guerre punique (146).
Rome se met à vivre de son Empire mais doit faire face aux troubles qui en résultent: révoltes serviles en Sicile, révoltes en Macédoine, en Asie et, à la fin du siècle, guerre contre le roi des Numides, Jugurtha, qui refuse le démembrement de son royaume.
La crise politique
Le rassemblement des terres en un petit nombre de mains profite à quelques citoyens au moment où l'essor du grand commerce permet l'accroissement des fortunes mobilières, tandis que les classes moyennes perdent, par l'émigration, une partie de leurs éléments. Par ailleurs, les artisans et les petits propriétaires terriens éprouvent la concurrence des produits importés. Des revendications voient le jour, notamment la demande de terres. C'est alors qu'un grand noble, Tiberius Gracchus, tribun de la plèbe, propose une redistribution des terres de l'Etat en faveur des citoyens les plus démunis, les prolétaires. Mais il paie de sa vie cette initiative (133). Son frère, Caius Gracchus, reprend ce projet, confie les tribunaux aux chevaliers, lesquels ne participaient pas jusqu'alors à la vie politique.
De nouvelles mesures sont prises:
fondation de colonies, grands travaux (
routes),
imposition d'un prix maximal des céréales en faveur
des plus démunis. Mais l'oligarchie sénatoriale,
effrayée par la volonté de Gracchus de fonder un principe
politique nouveau (repris de Tiberius), celui de la
souveraineté populaire, décide d'utiliser
l'état de siège, qui suspend les garanties de la loi,
pour se débarrasser de trublions tels que lui (121).
Le recrutement de citoyens pauvres va entraîner un changement capital: ces nouveaux soldats trouvent là un moyen de promotion sociale (par le centurionat), mais aussi d'enrichissement en participant aux profits de la guerre. Ainsi, les légions romaines, à la merci des chefs les plus offrants, deviennent la proie des factions politiques.
Les révoltes intérieures
Les marianistes, revenus au pouvoir, procèdent à des épurations sanglantes. La guerre civile reprend au retour de Sulla, qui s'empare de Rome, massacre les marianistes et confisque leurs biens, favorisant ainsi l'enrichissement colossal de ses lieutenants, notamment Lucullus, Pompée et Crassus. La péninsule Ibérique fait alors sécession sous la direction de Sertorius, qui est vaincu par Pompée.
Sulla augmente le nombre de magistrats,
restaure les pouvoirs du sénat (porté à 600 membres)
et affaiblit ceux des tribuns de la plèbe. La République
connaît plusieurs crises: révolte de Spartacus (73-71) en
Italie, agitation pour la restauration des pouvoirs des tribuns de
la plèbe, distribution gratuite du blé aux citoyens,
conjuration de Catilina déjouée par
Cicéron.
En 61 av. J.-C., le fastueux triomphe de Pompée marque approximativement le terme d'une vie politique assez libre dans une République où le pouvoir est disputé parfois avec violence, mais encore publiquement et sans recours à l'armée. Rome, dont le principal atout est la
puissance démographique, contrôle directement ou
indirectement les nations méditerranéennes. La population
de l'Italie, unifiée politiquement, s'élève
à près de 7,5 millions d'habitants; dans
l'ensemble, la péninsule apparaît d'une grande
vitalité et constitue peu à peu le pays le plus actif du
Bassin méditerranéen. Son agriculture, prospère,
constitue une exceptionnelle source de réserves pour
l'armée civique, d'autant plus que la population
comprend un tiers d'esclaves, dont les plus capables peuvent
accéder, par affranchissement, à la citoyenneté.
Cette situation dynamique, qui va durer
plus d'un siècle, permet d'expliquer le passage de la
république oligarchique à une monarchie potentiellement
tyrannique, au prix d'une vingtaine d'années de
guerres civiles sanglantes. Tout commence par un accord secret entre
Pompée,
déçu par les hésitations du sénat à le
récompenser, et
Crassus, le plus
riche des Romains. Cet accord est négocié par un
patricien,
Jules César.
L'agitation est créée par l'action du tribun Clodius, qui devient très populaire en créant l'annone (service veillant à l'approvisionnement de Rome en blé et à sa distribution gratuite à certaines catégories de citoyens).
En une dizaine d'années, Jules
César conquiert
la Gaule, des
Cévennes au Rhin. Cependant, le triumvirat cesse d'exister
dans les faits (53) après la défaite et la mort de
Crassus sur le front d'Orient (53).
Le tête-à-tête
César-Pompée s'oriente vers un affrontement, mais les
événements favorisent le second, qui est alors nommé
consul unique par le sénat.
Le but de César est de prendre la direction de l'Etat, mais son initiative oblige le sénat à reconnaître la même mission à Pompée. La nécessité d'un responsable unique s'impose de nouveau. L'incapacité du sénat est devenue manifeste, la solution monarchique apparaît évidente pour de nombreux esprits. Cependant, la conquête du pouvoir donne au conflit une dimension méditerranéenne, la guerre civile ravageant l'Italie et les provinces. César finit par venir à bout de la résistance de Pompée. César devient dictateur, préside les comices, se fait élire consul (48), abdiquant alors la dictature. Il reçoit plus tard une seconde dictature: le droit de présider à l'attribution des magistratures, de nommer les gouverneurs des provinces prétoriennes et à nouveau le consulat (pour cinq ans). Son appui principal est la plèbe de Rome, d'où la nécessité pour lui de s'unir à ses tribuns et de faire voter de nombreux plébiscites.
L'assassinat de César
La rupture survient en 32, lorsque Marc Antoine, que ses adversaires disent ensorcelé par la reine d'Egypte, Cléopâtre, reprend le contrôle de l'Italie à César Octavien, qui par un coup d'Etat chasse de Rome les partisans de son rival. Mais ce dernier, dont les forces sont équivalentes, sinon supérieures, sur terre comme sur mer, à celles d'Octavien, se révèle général hésitant et politique maladroit en refusant de se séparer de Cléopâtre.
En plein engagement naval, à Actium,
sur les côtes d'Epire, tous les deux prennent la fuite.
Les légions d'Antoine, abandonnées, se soumettent
à Octavien (septembre 31), qui, un an plus tard, annexe
l'Egypte
après le suicide de son compétiteur et de
Cléopâtre.
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Category: DOSSIER HISTORIQUE | Views: 1848 | Added by: sourcedevie | Rating: 0.0/0 | |
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