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Main » 2008 » August » 9 » L'empire Romain
L'empire Romain
9:10 PM


Huit siècles d'histoire
Si l'histoire de Rome s'étend sur douze siècles, celle de son empire n'en couvre que huit et son caractère unitaire n'est indiscutable que pour trois siècles environ. Si son étendue est considérable, le peuplement y demeura faible (une centaine de millions d'habitants). Rome accepta tout un héritage: celui de la civilisation grecque, et sut l'assimiler, demeurant réceptive à des influences tant celtiques que sémitiques, le christianisme étant l'aspect le plus connu de ces dernières.

 
Romulus et Remus
Lorsque les Grecs s'emparent de Troie, le prince Enée, fils de Vénus et du mortel Anchise, réussit selon la tradition à s'enfuir en Italie, et aborde près de l'embouchure du Tibre. Il s'allie au roi aborigène Latinus, dont il épouse la fille Lavinie, et fonde Lavinium.  

Son fils Ascagne fonde Albe la Longue, dont le treizième roi, Numitor, est détrôné par son frère Amulius. Ce dernier fait de sa nièce, Rhea Silvia, une vestale vouée à la chasteté. Or celle-ci, violée par le dieu Mars, donne le jour à des jumeaux, Romulus et Remus, qui sont déposés sur le Tibre. Le fleuve en crue abandonne leur berceau au pied d'une colline, le Palatin. Ils sont nourris par une louve, puis recueillis par un berger.  

Parvenus à l'âge adulte, Romulus et Remus rassemblent une troupe qui réussit à tuer Amulius pour rétablir Numitor sur le trône d'Albe. Leur grand-père les encourage à aller s'installer ailleurs, et les jumeaux choisissent le site de Rome.  
 

Romulus comme fondateur de Rome
L'observation du vol des oiseaux (prise d'auspices) désigne Romulus comme fondateur. La date attribuée à la fondation mythologique de Rome est 753 av. J- C. A la suite d'une querelle, Remus est tué par son frère. Ce dernier enlève les filles de ses voisins, les Sabins, qui acceptent finalement de s'unir aux Romains avec leur roi, Titus Tatius.  

Romulus dote Rome d'un sénat, divise la population en trente curies, lui donne des institutions, une organisation militaire, avant de disparaître mystérieusement et d'être honoré par assimilation au dieu Quirinus.  

C'est un Sabin, Numa Pompilius, qui lui succède et qui donne à Rome, suivant les conseils de la nymphe Egérie, son organisation religieuse. Vient ensuite Tullus Hostilius, qui détruit Albe la Longue (épisode du combat des Horaces et des Curiaces). Enfin, le Sabin Ancus Martius fonde Ostie.  
 


Trois rois étrusques
Le VIe  siècle est marqué par le règne de trois rois étrusques. Tarquin soumet les Latins, fait assécher le site où sera installé le forum et renforce le sénat. Servius Tullius fait construire une enceinte et, pour organiser une armée civique, dote les Romains d'une constitution censitaire.

Enfin, Tarquin, surnommé le Superbe, engage de grands travaux et construit le temple de Jupiter, Junon et Minerve sur le Capitole. Mais ce souverain se conduit en tyran, et l'un de ses fils viole Lucrèce, qui se suicide. Brutus ameute alors le corps civique et ordonne la fermeture des portes de Rome à Tarquin, parti en expédition. C'est alors que commencerait la République.   

Le site mythique

Cette histoire mythique reçoit des fouilles actuelles de nombreuses confirmations. La petite plaine du Latium est peuplée, au VIII e  siècle av. J.-C., par des pasteurs et des agriculteurs, tandis que le site de Rome, en bordure du Tibre, sur les limites septentrionales du Latium, est celui d'une cuvette inondable - le futur Forum - entourée de collines. La présence d'une île y facilite le passage nord-sud, à l'écart des marais de la côte; le fleuve est navigable en amont comme en aval, et une route du sel, de la côte vers les monts Albains et surtout vers Sabine, permet d'approvisionner les éleveurs de l'intérieur.  
Rome vers 509 av. J.-C.

Un peuplement est attesté par l'existence de fonds de cabanes sur le Palatin et de nécropoles vers le nord. L'expansion de la civilisation étrusque, jusqu'en Campanie, se traduit par la conquête du Latium. Le VI e  siècle correspond à une période de grande activité édilitaire et de participation aux échanges méditerranéens.  
 

L'héritage des Etrusques

C'est aux Etrusques que Rome doit son nom, sa muraille, l'assèchement de la cuvette du Forum (construction d'un grand égout, ou Cloaca maxima) et la construction du sanctuaire du Capitole. Les fouilles ont révélé de grandes demeures privées. Enfin, des populations venues d'autres contrées y affluèrent. La Rome des rois étrusques apparaît comme une cité florissante, où trois pouvoirs se partagent l'administration: le roi, le sénat et l'assemblée des gentiles dans le cadre des trente curies. La fin de la monarchie se traduit par l'avènement d'une aristocratie. Rome ne se libère de l'emprise étrusque que vers 475-470, avant de se replier sur elle-même.


La République romaine connaît des débuts difficiles. Membre de la ligue des peuples latins, elle en prend le contrôle, déjoue la menace étrusque et repousse les attaques des peuples montagnards de l'intérieur. L'invasion gauloise de 390 n'est qu'une brève catastrophe, sans doute bénéfique dans la mesure où elle affaiblit les cités étrusques au nord.  

Au milieu du IVe  siècle, la nouvelle muraille de Rome en fait la cité la plus vaste en Italie centrale. Comme les peuples sabelliens (montagnards de l'Apennin) de l'intérieur ont conquis presque toute la Campanie, la cité grecque de Naples demande des secours à Rome contre l'un d'entre eux, les Samnites. Les Romains, depuis 348, ont établi des rapports diplomatiques avec Carthage, et dominent le Latium depuis la dissolution de la ligue latine en 338.  

Les Grecs ne s'aperçoivent du danger que représente Rome qu'au moment où les armées romaines avancent en Campanie; les guerres menées contre les Samnites permettent à Rome de forger une armée solide, et les alliances formées entre Samnites, Gaulois et Etrusques ne peuvent en venir à bout. Sa victoire à Sentinum, en Ombrie (295), marque un tournant: les Romains contrôlent désormais toute l'Italie centrale, notamment les riches contrées d'Etrurie et de Campanie.  

Les cités grecques méridionales font appel au roi d'Epire, Pyrrhus, dont l'armée est épuisée par ses propres victoires; les Grecs se divisent, et le roi doit rembarquer.  

La prise de Tarente en 272 met un terme aux résistances méridionales, tandis que la prise puis la destruction de Volsinies (Orvieto) marquent la fin de la résistance étrusque. L'Empire prend forme, mais c'est Rome qui dirige la politique «italienne» par des traités bilatéraux à son avantage. Les Romains ont aussi confisqué de nombreux territoires, souvent en des points stratégiques, et y ont établi des colons.


Les guerres puniques
Dans la cadre de la conquête de la Méditerranée, les Romains et les Carthaginois, longtemps alliés contre les Grecs ou les Etrusques, deviennent voisins après la conquête romaine de l'Italie du Sud et l'affirmation des ambitions carthaginoises en Sicile. Carthage est aussi puissante que Rome, mais ne dispose pas d'autant d'alliés.

Lors de la première guerre punique (264-241), Rome l'emporte et prend le contrôle de la Sicile, de la Sardaigne et de la Corse, ses premières provinces hors d'Italie. Carthage se dote alors d'un vaste ensemble territorial dans le sud de la péninsule Ibérique (fondation de Carthagène), tandis que Rome doit faire face à une forte riposte des Gaulois du fait de sa politique de colonisation en Italie septentrionale.  

La deuxième guerre punique (219-201) est dominée par le génie d' Hannibal, dont l'écrasante victoire à Cannes (216) entraîne la défection de Capoue, la plus puissante alliée des Romains.  


Après la défaite d'Hannibal
Finalement, à Zama, en Afrique, Scipion, allié aux Numides, contraint Carthage à la paix en 202, après avoir vaincu Hannibal. Les Romains étendent leur Empire sur un bon tiers de la péninsule Ibérique, du Perthus au cap Sagres, mais il leur faudra deux générations pour venir à bout de la résistance des peuples de l'intérieur et porter leur frontière jusqu'au Tage.  

Conscients peut-être de la supériorité de la civilisation hellénistique, les Romains veulent éviter une occupation permanente en Méditerranée orientale. Le contrôle de la plaine du Pô leur paraît essentiel (fondation d'Aquilée en 181), et si les légions romaines brisent la puissance des rois grecs, c'est pour maintenir un équilibre où leurs alliés (notamment les rois de Pergame, d' Egypte et de la République rhodienne) tiennent leur place. Cette politique ne dure qu'un demi-siècle: il faut organiser la Macédoine en provinces pour la défendre contre les Barbares (148) et terroriser les Grecs par la destruction de Corinthe, l'année même où Carthage est anéantie à l'issue de la troisième guerre punique (146).  

La domination romaine
Toutefois, le legs fait à Rome de ses possessions par le roi de Pergame installe définitivement les Romains dans le monde égéen (133): le triomphe sur la Macédoine (167) avait permis de supprimer l'impôt direct sur les citoyens (tributum), mais la nouvelle province d'Asie fournissait près de la moitié des ressources du Trésor romain.  

Rome se met à vivre de son Empire mais doit faire face aux troubles qui en résultent: révoltes serviles en Sicile, révoltes en Macédoine, en Asie et, à la fin du siècle, guerre contre le roi des Numides, Jugurtha, qui refuse le démembrement de son royaume.  

La crise politique
Dans la cité même naît une crise sociopolitique: dans une société de plus en plus puissante, les élites doivent devenir de plus en plus riches pour garder leur rang, tandis que les classes moyennes, déjà épuisées par l'effort de guerre, connaissent une paupérisation.  

Le rassemblement des terres en un petit nombre de mains profite à quelques citoyens au moment où l'essor du grand commerce permet l'accroissement des fortunes mobilières, tandis que les classes moyennes perdent, par l'émigration, une partie de leurs éléments. Par ailleurs, les artisans et les petits propriétaires terriens éprouvent la concurrence des produits importés.

Des revendications voient le jour, notamment la demande de terres. C'est alors qu'un grand noble, Tiberius Gracchus, tribun de la plèbe, propose une redistribution des terres de l'Etat en faveur des citoyens les plus démunis, les prolétaires. Mais il paie de sa vie cette initiative (133). Son frère, Caius Gracchus, reprend ce projet, confie les tribunaux aux chevaliers, lesquels ne participaient pas jusqu'alors à la vie politique.  

De nouvelles mesures sont prises: fondation de colonies, grands travaux ( routes), imposition d'un prix maximal des céréales en faveur des plus démunis. Mais l'oligarchie sénatoriale, effrayée par la volonté de Gracchus de fonder un principe politique nouveau (repris de Tiberius), celui de la souveraineté populaire, décide d'utiliser l'état de siège, qui suspend les garanties de la loi, pour se débarrasser de trublions tels que lui (121).

Les légions romaines
Avant la fin de la guerre en Afrique, l'Empire est menacé par l'invasion des Cimbres et des Teutons; Marius, riche chevalier, qui réussit à écarter ce danger, est élu consul plusieurs années de suite, contrairement à la coutume. On lui doit avant tout la réforme de l'armée suivant des modalités précises: recrutement étendu aux prolétaires volontaires, à qui est promise la reprise des distributions agraires, et aux citoyens non fortunés (abaissement régulier du cens), uniformisation.  

Le recrutement de citoyens pauvres va entraîner un changement capital: ces nouveaux soldats trouvent là un moyen de promotion sociale (par le centurionat), mais aussi d'enrichissement en participant aux profits de la guerre. Ainsi, les légions romaines, à la merci des chefs les plus offrants, deviennent la proie des factions politiques.  

Les révoltes intérieures
Ce danger apparaît quand Marius et le consul Sulla se disputent le commandement de la guerre contre Mithridate, roi du Pont, qui venait de s'emparer de la province d'Asie. Sulla, dépossédé par un plébiscite, marche sur Rome à la tête de ses légions, massacre ses ennemis et part mener les opérations dans le monde égéen.  

Les marianistes, revenus au pouvoir, procèdent à des épurations sanglantes. La guerre civile reprend au retour de Sulla, qui s'empare de Rome, massacre les marianistes et confisque leurs biens, favorisant ainsi l'enrichissement colossal de ses lieutenants, notamment Lucullus, Pompée et Crassus. La péninsule Ibérique fait alors sécession sous la direction de Sertorius, qui est vaincu par Pompée.  

Sulla augmente le nombre de magistrats, restaure les pouvoirs du sénat (porté à 600 membres) et affaiblit ceux des tribuns de la plèbe. La République connaît plusieurs crises: révolte de Spartacus (73-71) en Italie, agitation pour la restauration des pouvoirs des tribuns de la plèbe, distribution gratuite du blé aux citoyens, conjuration de Catilina déjouée par Cicéron.  
 
Pompée
Dans l'Empire, Pompée ne peut achever qu'en 73 sa réorganisation de l'Occident (Gaule Narbonnaise et péninsule Ibérique), avant de mettre fin à la piraterie en Méditerranée et de mener à son terme la guerre contre Mithridate, ce qui a pour conséquences la conquête de la Syrie et l'établissement d'une ceinture d'Etats clients, de la mer Noire au golfe d'Aqaba. En Sicile, un procès contre le gouverneur concussionnaire Verrès révèle les abus de l'administration provinciale, principale voie d'enrichissement des élites politiques, assurées le plus souvent de l'impunité.  

En 61 av. J.-C., le fastueux triomphe de Pompée marque approximativement le terme d'une vie politique assez libre dans une République où le pouvoir est disputé parfois avec violence, mais encore publiquement et sans recours à l'armée.  

Rome, dont le principal atout est la puissance démographique, contrôle directement ou indirectement les nations méditerranéennes. La population de l'Italie, unifiée politiquement, s'élève à près de 7,5 millions d'habitants; dans l'ensemble, la péninsule apparaît d'une grande vitalité et constitue peu à peu le pays le plus actif du Bassin méditerranéen. Son agriculture, prospère, constitue une exceptionnelle source de réserves pour l'armée civique, d'autant plus que la population comprend un tiers d'esclaves, dont les plus capables peuvent accéder, par affranchissement, à la citoyenneté.   Cette situation dynamique, qui va durer plus d'un siècle, permet d'expliquer le passage de la république oligarchique à une monarchie potentiellement tyrannique, au prix d'une vingtaine d'années de guerres civiles sanglantes.

Tout commence par un accord secret entre Pompée, déçu par les hésitations du sénat à le récompenser, et Crassus, le plus riche des Romains. Cet accord est négocié par un patricien, Jules César.

Le premier triumvirat
Il va durer une dizaine d'années, confirmant la prééminence de Pompée, et assurer, en outre, de grands commandements provinciaux, d'abord à Jules César, ensuite à Crassus.  

L'agitation est créée par l'action du tribun Clodius, qui devient très populaire en créant l'annone (service veillant à l'approvisionnement de Rome en blé et à sa distribution gratuite à certaines catégories de citoyens).  

En une dizaine d'années, Jules César conquiert la Gaule, des Cévennes au Rhin. Cependant, le triumvirat cesse d'exister dans les faits (53) après la défaite et la mort de Crassus sur le front d'Orient (53). Le tête-à-tête César-Pompée s'oriente vers un affrontement, mais les événements favorisent le second, qui est alors nommé consul unique par le sénat.  
 

Jules César
Les républicains pensent utiliser Pompée pour abattre Jules César, à la fin de son commandement gaulois, mais ce dernier marche sur Rome avec son armée (passage du Rubicon, janvier 49).  

Le but de César est de prendre la direction de l'Etat, mais son initiative oblige le sénat à reconnaître la même mission à Pompée. La nécessité d'un responsable unique s'impose de nouveau. L'incapacité du sénat est devenue manifeste, la solution monarchique apparaît évidente pour de nombreux esprits.  

Cependant, la conquête du pouvoir donne au conflit une dimension méditerranéenne, la guerre civile ravageant l'Italie et les provinces. César finit par venir à bout de la résistance de Pompée.  

César devient dictateur, préside les comices, se fait élire consul (48), abdiquant alors la dictature. Il reçoit plus tard une seconde dictature: le droit de présider à l'attribution des magistratures, de nommer les gouverneurs des provinces prétoriennes et à nouveau le consulat (pour cinq ans). Son appui principal est la plèbe de Rome, d'où la nécessité pour lui de s'unir à ses tribuns et de faire voter de nombreux plébiscites.  

L'assassinat de César
Pour disposer d'un sénat à sa dévotion, César nomme de nombreux partisans, en particulier des Gaulois de la plaine du Pô (ses clients), et y réintègre certains de ses adversaires ou leurs fils. Un complot, réunissant autour de Brutus et de Cassius quelques-uns de ses partisans déçus et des pompéiens, est organisé pour supprimer César, qui est assassiné le 15 mars 44 en pleine séance du sénat.  
Ses héritiers, Marc Antoine, César Octavien et Lepidus, après avoir éliminé les meurtriers, s'allient pour instituer une magistrature collégiale, le «triumvirat constituant», supérieur au consulat, et d'une durée de cinq ans renouvelable.  
 
Le partage du pouvoir
A Marc Antoine est dévolu l'Orient, où il va mener de grandes opérations jusqu'en Arménie, tandis que César Octavien prend le contrôle des provinces occidentales, où il doit mettre fin à une guerre difficile en Illyrie.

La rupture survient en 32, lorsque Marc Antoine, que ses adversaires disent ensorcelé par la reine d'Egypte, Cléopâtre, reprend le contrôle de l'Italie à César Octavien, qui par un coup d'Etat chasse de Rome les partisans de son rival. Mais ce dernier, dont les forces sont équivalentes, sinon supérieures, sur terre comme sur mer, à celles d'Octavien, se révèle général hésitant et politique maladroit en refusant de se séparer de Cléopâtre.

En plein engagement naval, à Actium, sur les côtes d'Epire, tous les deux prennent la fuite. Les légions d'Antoine, abandonnées, se soumettent à Octavien (septembre 31), qui, un an plus tard, annexe l'Egypte après le suicide de son compétiteur et de Cléopâtre.  




 


Category: DOSSIER HISTORIQUE | Views: 1848 | Added by: sourcedevie | Rating: 0.0/0 |
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