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Main » 2008 » August » 9 » L'empire Romain partie II
L'empire Romain partie II
9:21 PM
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Commence alors la monarchie augustéenne, ainsi appelée parce que César Octavien, après son triomphe de 28, reçoit du sénat le titre nouveau d'auguste, en janvier 27 av. J.-C.   La solidité de son œuvre s'explique d'abord par la durée de son pouvoir sans rival, soit quarante-cinq ans. Ses réformes, progressives, répondent à des problèmes précis. Il bénéficie de l'effroi suscité par les guerres civiles et leurs spoliations, d'où le ralliement des possédants, romains et provinciaux, qui désirent un retour à la paix civile et à l'ordre. Cependant, le peuple ne trouve que peu d'attraits au rétablissement des pouvoirs d'une oligarchie sénatoriale, bien qu'Auguste assure la sécurité et l'approvisionnement régulier de la ville, et autorise la célébration des fêtes anciennes tout en en créant de nouvelles.

Auguste: une nouvelle forme d'exercice du pouvoir
Auguste restaure la religion civique et lance une politique de grands travaux à Rome et de conquêtes pour ses armées. En fait, la nouveauté constitutionnelle est dans l'accumulation des pouvoirs mais aussi dans leur caractère viager. En effet, Auguste, chef supérieur des armées, possède les sacerdoces les plus importants et dialogue directement avec le peuple; il détient la puissance tribunicienne tout en étant le premier des sénateurs.  

Les institutions
Les rouages institutionnels du pouvoir - sénat, magistratures traditionnelles et assemblées du peuple - fonctionnent parfaitement.  
Le nombre des sénateurs, gonflé jusqu'à 1'000 sous le triumvirat constituant, est ramené à 600 par des épurations apparemment justifiées; un ordre sénatorial, avec des privilèges, est créé. Aux sénateurs sont réservés le commandement de la majorité des légions et des provinces, ainsi que des tâches administratives et judiciaires en Italie. A Rome même, toujours administrée par les magistrats habituels, le chef de la police et de la justice - préfet de la ville -, est un sénateur.  

Cependant, les chevaliers qui désirent entrer au service de l'Etat ne sont pas oubliés: officiers dans l'armée civique, ils peuvent commander en chef les unités auxiliaires (le gouvernement de l'Egypte est dévolu à l'un d'entre eux), administrer les biens, immenses, du prince ou assurer l'intendance des armées.  Des centaines d'entre eux sont appelés à siéger, comme jurés, dans les tribunaux publics de Rome et exercent certaines charges administratives dans la capitale: les préfectures des vigiles (police nocturne, chargée également de la lutte contre les incendies), de l'annone et, surtout, du prétoire, c'est-à-dire de la garde personnelle d'Auguste.  

Les conquêtes
Celui-ci achève la conquête de la péninsule Ibérique par des guerres victorieuses contre Astures et Cantabres, puis soumet l'arc alpin de Nice (trophée de La Turbie) aux portes de Vienne, prélude à la conquête du nord de la péninsule balkanique jusqu'au Danube et de la Germanie jusqu'à l'Elbe.  

Des révoltes secouent ensuite ces régions, et si les Romains conservent les Pannonies, ils doivent renoncer à la conquête de la Bohême et perdent définitivement la Germanie. C'est avec vigilance qu'Auguste administre l'Orient même si, la conquête de l'Egypte mise à part, il conserve pour l'essentiel le système des princes clients.   Auguste est aidé par deux militaires et administrateurs, Agrippa et Tibère, et, jusqu'en 23 av. J.-C., par un chevalier bon diplomate: Mécène. Celui-ci rallie à sa propagande Horace et Virgile.  

Si la génération de Cicéron, Lucrèce, Salluste, César et Varron a donné ses lettres de noblesse à la langue latine, l'époque augustéenne, avec Horace, Virgile, Ovide, Vitruve et Tite-Live, enrichit cet héritage.  

Une gestion intérieure enrichissante
Dans tout l'Empire, les fondations de cités se multiplient, car Auguste a su développer le programme de Jules César, surtout en Gaule et en Hispanie, à l'occasion de ses voyages. De nombreuses routes «militaires» assurent, avec la diffusion de la citoyenneté, l'unité de l'Occident romain.  

Les premiers successeurs d'Auguste sont Tibère (14-37), Caligula (37-41) et Claude (41-54). Tibère fonde définitivement le principat, ruinant l'espoir d'Auguste du retour à la république. Cependant, sur la fin de sa vie, il se montre tyrannique et impitoyable.  
 


Caligula
C'est pourquoi l'accession au pouvoir de Caius, dit Caligula, est saluée par tous. Mais très vite on doit déchanter devant les folies sanguinaires d'un prince sans doute tenté par le despotisme oriental et l'absolutisme sacré.  Son oncle, Claude, bien que ses contemporains mettent l'accent sur son ridicule, est un grand empereur, réformateur de l'Etat et créateur de l'administration impériale.  

Sur le plan territorial, les Julio-Claudiens poursuivent le programme d' Auguste, sans véritable conquête toutefois, sinon l'annexion de royaumes alliés ou clients: la Commagène, la Maurétanie, le Bassin de Londres, la Thrace et la Judée. Ils amplifient la politique des jeux à l'usage de la ville de Rome et perfectionnent l'annone. De nouvelles provinces apparaissent, notamment dans le massif alpin et en Maurétanie, confiées à des chevaliers dotés des pouvoirs nécessaires pour rendre la justice.  

Le dernier des Julio-Claudiens, N éron (54-68), est abandonné des siens pour avoir préféré les distractions au métier d'empereur et fait périr trop de sénateurs.  

Les successeurs des Julio-Claudiens
La crise de succession aboutit au triomphe du commandant de l'armée d'Orient, Vespasien (69-79), qui laisse le pouvoir à ses fils Titus (79-81) et Domitien (81-96), gardiens vigilants des frontières de l'Empire. Domitien ayant été assassiné par ses proches, le sénat choisit un vieillard comme empereur Nerva (96-98), qui s'empresse de prendre comme successeur le chef des légions du Rhin: Trajan.  

Trajan (98-117)
Sa politique est ambitieuse, puisqu'il conquiert la Dacie, sur la rive gauche du Danube, annexe l'Arabie Pétrée et crée les provinces d'Arménie et de Mésopotamie. Trajan, fin diplomate, a su obtenir l'adhésion du sénat, désormais totalement rallié à la monarchie impériale; il dote également Rome du plus important de ses forums.  

Hadrien (117-138)
Il fait croire à son adoption par Trajan et est proclamé par l'armée d'Orient, mais devant l'ampleur d'une révolte juive, il renonce à l'Arménie et à la Mésopotamie, tout en veillant scrupuleusement à la défense de l'Empire. Le ralliement des élites grecques à l'administration de l'Empire devient manifeste sous son principat. Hadrien adopte comme successeur un sénateur respecté, Antonin (138-161), qui va mener la même politique. Ce dernier jouit d'une grande popularité en raison de sa bonne gestion des finances publiques et de son accord profond avec le sénat.  

Marc Aurèle (161-180)
Fils adoptif d'Hadrien, est tout aussi populaire mais moins chanceux: une maladie infectieuse (la variole?) dévaste les régions européennes et asiatiques de l'Empire, et les Germains en profitent pour franchir le Danube et menacent Aquilée. Cependant, l'empereur réussit à reprendre la situation en main, ce qui permet à son fils Commode (181-192) de jouir en paix du pouvoir, malgré son incapacité à gouverner.

La nouvelle crise de succession se dénoue par le triomphe de Septime Sévère, qui commande la principale armée danubienne (193-211). Général énergique et bon juriste, il dote l'Empire d'une nouvelle province, la Mésopotamie. Son fils, Caracalla (211-217), poursuit la défense des frontières européennes, de nouveau menacées.

La fin du Haut-Empire
Son préfet du prétoire, Macrin (217-218), le remplace brièvement, avant le ralliement à un cousin de Caracalla, le jeune prêtre syrien Elagabal (218-222). Ce dernier, incapable de gouverner, est remplacé par son cousin germain, le jeune Sévère Alexandre (222-235), dont la mère, Julia Mammaea, s'entend aussi bien avec le sénat qu'avec les chevaliers et mène une politique pacifique.  

L'assassinat de Sévère Alexandre à Mayence, pour incapacité devant l'ennemi, clôt le Haut-Empire romain et la succession des quatre dynasties: les Julio-Claudiens (31 av. J.-C. - 68 apr. J.-C.), les Flaviens (69-96), les Antonins (96-192) et les Sévères (193-235).

L'Empire, qui s'étend de l'Ecosse à la Mésopotamie et du Maroc à la Crimée, jouit d'une prospérité générale, et ses élites provinciales participent au gouvernement. L'octroi d'administrations municipales achève de donner à ce vaste ensemble son caractère de fédération de cités, laquelle est dirigée par un monarque, responsable des armées, de la religion, des finances et de la justice. L'unité n'est pas seulement administrative, elle est aussi religieuse et linguistique. D'une part, le culte de l'empereur est accepté par tous, sauf par les juifs et les chrétiens, qui sont persécutés sans indulgence; d'autre part, les élites, qui se partagent l'Empire, pratiquent le grec et le latin.

Un idéal commun de gouvernement par les notables, l'utilisation d'un système monétaire unique, la reconnaissance d'un langage iconographique gréco-romain commun y concourent également.



L'Empire romain sous Alexandre Sévère (vers 230 apr. J.-C.)
Carte Hachette Livre

En contraste, le IIIe siècle apparaît comme une époque de troubles, qui aboutit à une mutation des institutions :

En Europe, les peuples germaniques, déstabilisés par de grandes migrations, essaient de franchir le Rhin et le Danube.  

En Afrique, il y a parfois coïncidence entre les révoltes des nomades et celles des montagnards.  

En Asie, les Sassanides, qui ont renversé la dynastie parthe des Arsacides, se révèlent très agressifs. L'Empire romain, fragilisé, ne dispose que de forces armées inférieures à 500'000 hommes, alors qu'il doit se battre simultanément sur plusieurs fronts. Cet effort de guerre entraîne une augmentation des impôts, des exactions, mais aussi plusieurs dévaluations monétaires. Les soldats, dont le montant des primes dépasse celui de leur solde, multiplient les proclamations d'empereurs. Ces derniers meurent fréquemment sur le front, parfois au combat. Ainsi, Valérien est fait prisonnier par les Parthes (260), ce qui provoque un morcellement de l'Empire.

En Orient, les Palmyréniens d'Odenath sauvent les provinces romaines, avant que l'épouse de ce prince, Zénobie, ne tente une usurpation. Sur le Rhin, Postumus crée un «empire gaulois» qui va durer une quinzaine d'années.


Gallien
C'est Gallien, cultivé et hellénophile, qui prend les mesures les plus énergiques. Il constitue une armée centrale plus mobile, encadrée par des généraux sortis du rang. De ce fait, il retire aux sénateurs tous les commandements militaires. Gallien et ses successeurs repoussent la grande invasion des Goths.

Aurélien
Il restaure l'unité de l'Empire (274), procède à un rétablissement partiel de la bonne monnaie et emmuraille Rome. Une grande incursion germanique ravage les Gaules, mais les Romains reprennent l'avantage et s'avancent jusqu'en basse Mésopotamie. Dans son ensemble, l'Empire a bien résisté, mais les provinces ont été localement ruinées par les fréquents passages des armées romaines et barbares. Le sénat, quant à lui, est devenu le simple conseil municipal d'une capitale désertée par les empereurs.  
 

Dioclétien (284-305) et Maximien (286-305)
En 286, deux augustes, Dioclétien en Orient et Maximien en Occident, gouvernent le monde romain. En 287, ils prennent respectivement les titres de Jovius et d'Herculius.  

En 293, pour faire face à l'extension géographique et économique de l'Empire, un système original de partage quadripartite du pouvoir se met en place, la tétrarchie. Maximien prend pour césar l'ancien préfet du prétoire Constance Chlore, chargé de la Bretagne et de la Gaule. Peu après, Dioclétien fait de même avec Galère, qui devient responsable de la péninsule balkanique.  

La défense de l'Empire s'appuie donc sur les quatre résidences impériales de Trèves (Constance), Milan (Maximien), Sirmium (Galère) et Nicomédie (Dioclétien), tandis que Rome reste la capitale officielle, toujours désertée par les princes. La paix règne sur toutes les frontières à partir de 298.  

La réorganisation de l'Empire
Le nombre des légions passe de 39 à 60, mais leurs effectifs sont variables. L'administration impériale est renforcée et les impôts (capitation et impôt foncier) sont augmentés. La bonne monnaie fait une réapparition, mais elle demeure fabriquée de billon, et non plus d'argent comme ce fut le cas sous le Haut-Empire. Une flambée des prix, combattue par un édit du maximum du prix des marchandises et des services applicable dans tout l'Empire, accompagne cette politique monétaire.  

Dioclétien s'attaque aussi aux croyances jugées dangereuses, d'abord au manichéisme, ensuite au christianisme (303-304), par quatre édits successifs qui font des milliers de victimes, surtout en Orient, en Italie et en Afrique.  

En 305, Dioclétien et Maximien Hercule abdiquent, leurs Césars Constance Chlore et Galère les remplacent.  Mais le système est déréglé en 306 par la mort de Constance Chlore et la proclamation par ses troupes de son fils Constantin (306-337), qui prend le contrôle des Gaules, des Germanies, de l'Hispanie et de l'île de Bretagne.  
 

Constantin I le Grand
Constantin s'empare de l'Italie en 313 et de tout l'Orient en 324. Après avoir autorisé le christianisme, il s'y convertit lui-même, faisant du monde romain un empire chrétien de droit divin, puis s'installe à Byzance, débaptisée en Constantinople en 330, site à mi-chemin entre les fronts oriental et danubien.

Ce pari est gagné par son fils Constance II; la nouvelle capitale reçoit sénat, magistrats et jeux, et atteint 200'000 habitants à la fin du siècle. Constantin et ses fils développent l'administration impériale, favorisent le christianisme jusqu'en 361, et interdisent le culte païen en 391.  

La prospérité du IVe siècle
Le IV e  siècle est une période de paix pour l'Empire, ce qui permet une réelle prospérité, malgré les fréquentes opérations militaires pour défendre les frontières et des guerres civiles.  

Rome demeure la première métropole, et ses sénateurs assurent les principales dépenses: plusieurs basiliques chrétiennes sont construites (au Vatican, au Latran ou hors les murs); l'annone est distribuée à 200'000 allocataires, et le calendrier des jeux maintenu. Mais l'Eglise catholique, affaiblie par l'essor de l'arianisme, ne conquiert la cour impériale que dans le dernier quart du siècle. L'élite sénatoriale accepte progressivement d'adopter le christianisme.  

Dans tout l'Empire, la vie urbaine demeure florissante, mais nombreux sont les chefs-lieux désormais entourés de murailles bâties, parfois, avec des matériaux provenant de bâtiments publics et de nécropoles abandonnés.  

Les élites locales sont astreintes à de lourdes charges fiscales, qu'elles répercutent sur leurs administrés. Si les plèbes urbaines bénéficient encore de possibilités de promotion sociale, dans les campagnes les hommes libres sont désormais attachés héréditairement à la terre.

La paix romaine
La paix romaine ( pax romana ) est le nom donné par les Romains à la situation de prospérité économique et de sécurité militaire qui prévaut dans l'ensemble des territoires qu'ils administrent, de l'apogée de l'expansion de Rome à la partition de l'Empire, en gros du I er  siècle au milieu du III e  siècle de notre ère.  

L'ordre du monde, pour les Romains, est le fruit de l'harmonie entre les dieux et les hommes qui les servent. Ainsi, chaque foyer, comme chaque individu, relève d'une divinité particulière, à qui il adresse offrandes et prières, tandis que l'empereur, divinisé depuis Auguste, incarne physiquement la cohésion impériale. La paix elle-même est une divinité, Pax, que l'on adore comme pax deorum (paix des dieux), garante de la prospérité et de la santé des hommes, et de l'ordre du monde, puis comme pax romana (paix romaine) avec l'extension de l'empire sur des territoires et des peuples très différents.  

La victoire, signe de faveur divine, impressionne autant les peuples vaincus et assimilés à Rome que les Romains eux-mêmes. La civilisation impériale, dont la capacité d'assimilation des cultes locaux est considérable (phénomène de syncrétisme religieux), n'interdit ou ne réprime pas les cultes locaux (à l'exception du druidisme gaulois et du christianisme), mais leur intègre celui de la Paix.  

Conscients de l'importance de la propagande pour asseoir leur pouvoir, les empereurs s'attachent, pendant la période d'expansion de l'Empire, à développer le culte de la Paix par l'érection de temples et la frappe de monnaies à son effigie.  Le recours aux artistes pour célébrer la paix romaine est fréquent, ainsi en littérature, avec un exemple de l'éloge de la divine Paix dans le Panégyrique de Trajan de Pline le jeune.


 

Category: DOSSIER HISTORIQUE | Views: 6681 | Added by: sourcedevie | Rating: 0.0/0 |
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