L'empire Romain partie II |
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Commence alors la monarchie augustéenne, ainsi appelée parce que César Octavien,
après son triomphe de 28, reçoit du sénat le titre
nouveau d'auguste, en janvier 27 av. J.-C. La solidité de son œuvre s'explique d'abord par la durée de son pouvoir sans rival, soit quarante-cinq ans. Ses
réformes, progressives, répondent à des
problèmes précis. Il bénéficie de l'effroi
suscité par les guerres civiles et leurs spoliations,
d'où le ralliement des possédants, romains et
provinciaux, qui désirent un retour à la paix civile et
à l'ordre. Cependant, le peuple ne trouve que peu d'attraits au
rétablissement des pouvoirs d'une oligarchie sénatoriale,
bien qu'Auguste assure la sécurité et l'approvisionnement
régulier de la ville, et autorise la célébration
des fêtes anciennes tout en en créant de nouvelles. Auguste: une nouvelle forme d'exercice du pouvoir Auguste restaure la religion civique et lance une politique de grands travaux à Rome et de conquêtes pour ses armées. En fait, la nouveauté constitutionnelle est dans l'accumulation des pouvoirs mais aussi dans leur caractère viager. En effet, Auguste, chef supérieur des armées, possède les sacerdoces les plus importants et dialogue directement avec le peuple; il détient la puissance tribunicienne tout en étant le premier des sénateurs. Les institutions Cependant, les chevaliers qui désirent entrer au service de l'Etat ne sont pas oubliés: officiers dans l'armée civique, ils peuvent commander en chef les unités auxiliaires (le gouvernement de l'Egypte est dévolu à l'un d'entre eux), administrer les biens, immenses, du prince ou assurer l'intendance des armées. Des centaines d'entre eux sont appelés à siéger, comme jurés, dans les tribunaux publics de Rome et exercent certaines charges administratives dans la capitale: les préfectures des vigiles (police nocturne, chargée également de la lutte contre les incendies), de l'annone et, surtout, du prétoire, c'est-à-dire de la garde personnelle d'Auguste. Les conquêtes Des révoltes secouent ensuite ces régions, et si les Romains conservent les Pannonies, ils doivent renoncer à la conquête de la Bohême et perdent définitivement la Germanie. C'est avec vigilance qu'Auguste administre l'Orient même si, la conquête de l'Egypte mise à part, il conserve pour l'essentiel le système des princes clients. Auguste est aidé par deux militaires et administrateurs, Agrippa et Tibère, et, jusqu'en 23 av. J.-C., par un chevalier bon diplomate: Mécène. Celui-ci rallie à sa propagande Horace et Virgile. Si la génération de Cicéron, Lucrèce, Salluste, César et Varron a donné ses lettres de noblesse à la langue latine, l'époque augustéenne, avec Horace, Virgile, Ovide, Vitruve et Tite-Live, enrichit cet héritage. Une gestion intérieure enrichissante Les premiers successeurs d'Auguste sont Tibère (14-37), Caligula (37-41) et Claude (41-54). Tibère fonde définitivement le principat, ruinant l'espoir d'Auguste du retour à la république. Cependant, sur la fin de sa vie, il se montre tyrannique et impitoyable. Caligula C'est pourquoi l'accession au pouvoir de Caius, dit Caligula, est saluée par tous. Mais très vite on doit déchanter devant les folies sanguinaires d'un prince sans doute tenté par le despotisme oriental et l'absolutisme sacré. Son oncle, Claude, bien que ses contemporains mettent l'accent sur son ridicule, est un grand empereur, réformateur de l'Etat et créateur de l'administration impériale. Sur le plan territorial, les Julio-Claudiens poursuivent le programme d' Auguste, sans véritable conquête toutefois, sinon l'annexion de royaumes alliés ou clients: la Commagène, la Maurétanie, le Bassin de Londres, la Thrace et la Judée. Ils amplifient la politique des jeux à l'usage de la ville de Rome et perfectionnent l'annone. De nouvelles provinces apparaissent, notamment dans le massif alpin et en Maurétanie, confiées à des chevaliers dotés des pouvoirs nécessaires pour rendre la justice.
Le dernier des Julio-Claudiens,
N
éron (54-68),
est abandonné des siens pour avoir préféré les
distractions au métier d'empereur et fait périr trop
de sénateurs.
Trajan
(98-117)
Hadrien
(117-138)
Marc Aurèle
(161-180)
La nouvelle crise de succession se
dénoue par le triomphe de Septime Sévère, qui
commande la principale armée danubienne (193-211).
Général énergique et bon juriste, il dote
l'Empire d'une nouvelle province, la
Mésopotamie.
Son fils, Caracalla (211-217), poursuit la défense des
frontières européennes, de nouveau menacées.
L'assassinat de Sévère Alexandre à Mayence, pour incapacité devant l'ennemi, clôt le Haut-Empire romain et la succession des quatre dynasties: les Julio-Claudiens (31 av. J.-C. - 68 apr. J.-C.), les Flaviens (69-96), les Antonins (96-192) et les Sévères (193-235). L'Empire, qui s'étend de l'Ecosse à la Mésopotamie et du Maroc à la Crimée, jouit d'une prospérité générale, et ses élites provinciales participent au gouvernement. L'octroi d'administrations municipales achève de donner à ce vaste ensemble son caractère de fédération de cités, laquelle est dirigée par un monarque, responsable des armées, de la religion, des finances et de la justice. L'unité n'est pas seulement administrative, elle est aussi religieuse et linguistique. D'une part, le culte de l'empereur est accepté par tous, sauf par les juifs et les chrétiens, qui sont persécutés sans indulgence; d'autre part, les élites, qui se partagent l'Empire, pratiquent le grec et le latin.
Un idéal commun de gouvernement par
les notables, l'utilisation d'un système
monétaire unique, la reconnaissance d'un langage
iconographique gréco-romain commun y concourent
également. L'Empire romain sous Alexandre Sévère (vers 230 apr. J.-C.) Carte Hachette Livre En contraste, le IIIe siècle apparaît comme une époque de troubles, qui aboutit à une mutation des institutions : En Europe, les peuples germaniques, déstabilisés par de grandes migrations, essaient de franchir le Rhin et le Danube. En Afrique, il y a parfois coïncidence entre les révoltes des nomades et celles des montagnards. En Asie, les Sassanides, qui ont renversé la dynastie parthe des Arsacides, se révèlent très agressifs. L'Empire romain, fragilisé, ne dispose que de forces armées inférieures à 500'000 hommes, alors qu'il doit se battre simultanément sur plusieurs fronts. Cet effort de guerre entraîne une augmentation des impôts, des exactions, mais aussi plusieurs dévaluations monétaires. Les soldats, dont le montant des primes dépasse celui de leur solde, multiplient les proclamations d'empereurs. Ces derniers meurent fréquemment sur le front, parfois au combat. Ainsi, Valérien est fait prisonnier par les Parthes (260), ce qui provoque un morcellement de l'Empire. En Orient, les Palmyréniens
d'Odenath sauvent les provinces romaines, avant que l'épouse de
ce prince, Zénobie, ne tente une usurpation. Sur le Rhin,
Postumus crée un «empire gaulois» qui va durer une
quinzaine d'années. Gallien C'est Gallien, cultivé et hellénophile, qui prend les mesures les plus énergiques. Il constitue une armée centrale plus mobile, encadrée par des généraux sortis du rang. De ce fait, il retire aux sénateurs tous les commandements militaires. Gallien et ses successeurs repoussent la grande invasion des Goths. Aurélien Il restaure l'unité de l'Empire (274), procède à un rétablissement partiel de la bonne monnaie et emmuraille Rome. Une grande incursion germanique ravage les Gaules, mais les Romains reprennent l'avantage et s'avancent jusqu'en basse Mésopotamie. Dans son ensemble, l'Empire a bien résisté, mais les provinces ont été localement ruinées par les fréquents passages des armées romaines et barbares. Le sénat, quant à lui, est devenu le simple conseil municipal d'une capitale désertée par les empereurs. Dioclétien (284-305) et Maximien (286-305) En 286, deux augustes, Dioclétien en Orient et Maximien en Occident, gouvernent le monde romain. En 287, ils prennent respectivement les titres de Jovius et d'Herculius. En 293, pour faire face à l'extension géographique et économique de l'Empire, un système original de partage quadripartite du pouvoir se met en place, la tétrarchie. Maximien prend pour césar l'ancien préfet du prétoire Constance Chlore, chargé de la Bretagne et de la Gaule. Peu après, Dioclétien fait de même avec Galère, qui devient responsable de la péninsule balkanique. La défense de l'Empire s'appuie donc sur les quatre résidences impériales de Trèves (Constance), Milan (Maximien), Sirmium (Galère) et Nicomédie (Dioclétien), tandis que Rome reste la capitale officielle, toujours désertée par les princes. La paix règne sur toutes les frontières à partir de 298.
La réorganisation de
l'Empire
Dioclétien s'attaque aussi aux croyances jugées dangereuses, d'abord au manichéisme, ensuite au christianisme (303-304), par quatre édits successifs qui font des milliers de victimes, surtout en Orient, en Italie et en Afrique.
En 305, Dioclétien et Maximien
Hercule abdiquent, leurs Césars Constance Chlore et
Galère les remplacent. Mais le système est
déréglé en 306 par la mort de Constance Chlore
et la proclamation par ses troupes de son fils Constantin
(306-337), qui prend le
contrôle des
Gaules, des Germanies, de l'Hispanie et de l'île
de Bretagne.
Ce pari est gagné par son fils
Constance II; la nouvelle capitale reçoit sénat,
magistrats et jeux, et atteint 200'000 habitants à la
fin du siècle. Constantin et ses fils développent
l'administration impériale, favorisent le christianisme
jusqu'en 361, et interdisent le culte païen en 391.
Rome demeure la première métropole, et ses sénateurs assurent les principales dépenses: plusieurs basiliques chrétiennes sont construites (au Vatican, au Latran ou hors les murs); l'annone est distribuée à 200'000 allocataires, et le calendrier des jeux maintenu. Mais l'Eglise catholique, affaiblie par l'essor de l'arianisme, ne conquiert la cour impériale que dans le dernier quart du siècle. L'élite sénatoriale accepte progressivement d'adopter le christianisme. Dans tout l'Empire, la vie urbaine demeure florissante, mais nombreux sont les chefs-lieux désormais entourés de murailles bâties, parfois, avec des matériaux provenant de bâtiments publics et de nécropoles abandonnés.
Les élites locales sont astreintes
à de lourdes charges fiscales, qu'elles répercutent
sur leurs administrés. Si les plèbes urbaines
bénéficient encore de possibilités de promotion
sociale, dans les campagnes les hommes libres sont désormais
attachés héréditairement à la terre.
La victoire, signe de faveur divine, impressionne autant les peuples vaincus et assimilés à Rome que les Romains eux-mêmes. La civilisation impériale, dont la capacité d'assimilation des cultes locaux est considérable (phénomène de syncrétisme religieux), n'interdit ou ne réprime pas les cultes locaux (à l'exception du druidisme gaulois et du christianisme), mais leur intègre celui de la Paix. Conscients de l'importance de la propagande pour asseoir leur pouvoir, les empereurs s'attachent, pendant la période d'expansion de l'Empire, à développer le culte de la Paix par l'érection de temples et la frappe de monnaies à son effigie. Le recours aux artistes pour célébrer la paix romaine est fréquent, ainsi en littérature, avec un exemple de l'éloge de la divine Paix dans le Panégyrique de Trajan de Pline le jeune. | |
Category: DOSSIER HISTORIQUE | Views: 6681 | Added by: sourcedevie | Rating: 0.0/0 | |
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